dans le sombre couloir ballatum beige parcouru de très fines marbrures marrons fait des vagues des cloques des trous on trébuche on veut arriver au bout dans la chambre une moquette brune à poils ras où une mare de lune se dessine parfois alors tous les animaux plastiques viennent s’abreuver dans la salle à manger salon sur le tapis le trouver allongé yeux clos mains posées au creux entre ventre et poitrine cette frousse jusqu’à percevoir sa respiration douce et régulière cette habitude gardée du corps déporté de la sieste à même le sol quarante ans après dans la nuit un parquet où ne surtout pas faire craquer la latte traîtresse à dénoncer une lecture bien trop tardive dans l’automne la glaise du jardin engluée par bloc sous le caoutchouc des bottes et se faire engloutir par la vase sur la rive mouvante de la mémoire
J’aime beaucoup votre ballade en enfance. En quelques traits fluides, vous animez des images fortes et sensibles traversées par un narrateur presque familier (en tous cas pour moi, enfant universel ou enfant rêveur ?). Et cette réclame Balatum est un régal et une formidable trouvaille qui attise encore un peu le pouvoir d’évocation. Quel plaisir de plonger dans ce jeu des anomalies d’un autre temps ! Se souvenir des incursions dans les piles de revues de ma grand-mère … ). Merci.
à garder précieusement – il y a bien assez de moments où être adulte comme on dit
Merci ! Très touché par vos retours. Ils permettent aussi de relancer la machine. Toujours très surpris que mes bouts de textes résonnent et merci à François de permettre la remontée de ces bulles de souvenirs !