Une ombre. Son ombre. Longue silhouette sombre filant sur le bitume mouillé par l’orage de la nuit. Elle traine accrochée derrière des sandales usées, puis disparait effacée par quelque nuage perdu dans le ciel du petit matin pour finalement réapparaitre plus sombre encore. Elle se plie au relief très peu accidenté du trottoir avant de traverser l’avenue déserte qui longe le port. Sa déambulation en binôme est lente et régulière. Une trajectoire rectiligne les mène au bout du bout de la longue jetée. En chemin elle se tasse. Le soleil, lui, grimpe. Elle s’adosse en partie à la balise rouge plantée face à la mer. Longtemps elle reste immobile. Elle, elle n’est que l’ombre. Une ombre qui suit. Qui ne dit mot, seulement si je suis là c’est qu’il y a quelqu’un. Ce quelqu’un qui s’arrête pour écouter et voir. Mais l’ombre n’entend pas le roulement des galets ni le bavardage des mouettes, ne sent pas l’odeur iodée de l’écume soulevée par une brise légère, et ne sait pas où leurs pas les mènent. Sous la chaleur elle se réduit encore et encore. L’attente est longue. Loin l’horizon. Et finalement sous le zénith, il n’y a plus d’ombre. Enfin peut advenir le personnage.
Vous dessinez aussi ?….J’aime beaucoup votre départ, la description de l’ombre dans cet univers primordial- le sloeil qui grimpe m’a fait penser dans ce contexte à D.H Lawrence-… et oui je vous suis!
Oui, je dessine, je modèle la terre, je peins… je papillonne.
Merci pour votre commentaire encourageant
Joli! Je me suis aussi amusée, il n’y a pas si longtemps à écrire sur les ombres, les socles d’ombres attachés aux pieds, que chacun laisse sur le sol et qu’on ne regarde presque jamais, quand elles nous appartiennent… On a envie de découvrir ton personnage. Homme, femme, enfant? Ton écriture est dépouillée, comme j’aime.
Merci. Il ne me reste plus qu’à imaginer qui se cache derrière cette ombre…
Votre ombre, si je puis me permettre un conseil, ne la lâchez pas trop vite
On la suit cette ombre qui joue avec la lumière, qui apparaît puis disparaît. Quelle belle image que celle de ce personnage qui prend corps, qui prend vie, là sous nos yeux. Mais écrire, n’est-ce pas quelque part rendre visible, mettre en lumière, voir émerveiller ? En tout cas, c’est très réussi !
Très intéressant début avec ce personnage et son ombre, comme un double… si l’ombre disparaît avec le soleil au zénith, réapparaîtra-t-elle ensuite ? À suivre…
Rétroliens : Mirage ? – Tiers Livre, les ateliers d’écriture