Un jour de juin, temps maussade, lumière fumeuse du petit matin. Il pleut. J avale un café. J’ ai lu la proposition avant de me coucher. Je prends mon samsung. Mode vidéo. J y vais . je film. J’ouvre la porte. Elle gonfle la nuit. Le matin , elle gueule :
– Je craque … elle me dit.
– Ouvre-toi , laisse-moi entrer, c’est chez moi ici !. J’ai un truc à filmer. En plus à 360 °. J’ai jamais fait.
– Mais t’inquiète pas, elle me dit, tu vas t’en sortir. C’est toujours comme ça au début…
La chambre est blanche à la base. Je dis à la base, car depuis des années, elle a tournée au blanc cassé. Les rideaux bordeaux. Les voilages Alinea que j’ ai récupéré de la chambre de ma fille quand elle est partie. Ils sont bien , ces voilages, juste ce qu’il faut pour protéger du soleil. La banquette-lit et son couvre-lit récupérés aussi sont chiffonnés. Ça date de la sieste d’hier. Je fais toujours une pause ici à la sieste.
Au-dessus de la banquette, 2 aquarelles de cette année car j ’ai commencé la peinture. Une inspiré de Mucha , l’autre de Gauguin. Ton pastel. …. La table de chevet. Bouteille d’eau supplémentée en calcium , un flacon d’huile essentielle de lavande, un stylo, des post-it, un livre sur l’olfactothérapie…. Sur la gauche… un clavier Yamaha, des partitions, un casque…. Là commence le délire de la bibliothèque. Un petite d’abord , 70 de large sur 2 m de haut. Elle est consacrée aux derniers livres de littérature générale. Les deux étagères du haut sont bien rangées, exceptée la 3eme, ça part dans tous les sens. Un reste de gel hydro-alcoolique surement périmé, un vieux disque-man que j’arrive pas à jeter. Des livres sur deux épaisseurs et une balayette, un rouleau de sopalin, un pelle-mêle avec deux boites d’allumettes pour non-fumeur en craquage. Une urne de cadeaux de mariage pour dire « Merci » . Puis mon bureau. Une lampe de récup rouge horrible. Et sur ma table de travail….
Je serai ,là ,en train d’écrire mon -ième roman. Fenêtre ouverte sur le jardin. Le grand Cèdre vieux de mille an ,à veiller sur moi, sur mon inspiration. Fantasme de l’autrice à succès. Qui vivrait de ses milliers d’exemplaires vendus. Reconnue par ses paires. Sortant de sa table de travail, pour manger, dormir, faire l’amour et aller signer des dédicaces dans la France entière d’abord, puis traduite dans le monde entier, quadrillerais la planète, impact carbone à exploser le booster ! je m’en balancerai ! serais fatiguée du décalage horaire. Je me remettrais à l’anglais. The author is rich….
Mais non, je serais toujours à ma table de travail, à ma prendre la tête sur mes textes , puis à les publier à compte d’auteur avec mes éconocrocs d’heures de cours particuliers de français. Ha. Ma chaise grince. Elle est sur roulettes. Elle me dit.
– Alors ton 360° t’as pas fini?
– Attends, je lui dis. Il faut d’abord zoomer sur « ma table de travail ».
Sur ma table, il y a …un thésaurus, un sous-main , par dessus un calendrier de bureau tout griffonné, un scotch, un bâton de colle, un chouchou pour ramasser les cheveux, une tasse à café super-maman, avec stylos, blanco, ciseaux, coupe-papier, stabilos , recharge de stylo gomme. Plein de truc pour effacer en fait … ou recoller .. des journeaux, pour l’ins-pi-ra-tion… Puis sur le mur à gauche du bureau , la deuxième bibliothèque 4 m de long remplie et pas ranger du tout. Des dicos, des livres de références , de la littérature …une imprimante en panne, des classeurs, des dossiers archivés , des cahiers vierges, des recueils de textes, des manuscrits , plein de manuscrits, depuis longtemps, là….un dossier d’anciennes fiches de paie d’avant l’invalidité. Deux paires d’escarpins, deux paires de baskets, deux têtes de béquilles qui dépassent de dessous du lit au cas où…
Pleins de flacon d’huile essentielles pour le sent-bon. Très important. L’odeur. Une marionnette de Pinocchio rouge et verte qui pendouille. Elle ne donne pas vraiment le moral , celle-là. Mais c’est un souvenir de Florence avec les enfants. Et parterre, un carton de mes dessins et un étui à violon acajou avec dedans, un vrai violon… acheté par ma mère dans un brocante. Il m’a inspiré mon dernier livre jeunesse « Violon d’étoiles ». Je retrouve ma porte qui craque.
– Alors t’en est où? , elle me dit. Tu peux refermer maintenant , et nous laisser tranquilles ! J’ai un petit mot à dire à tes béquilles. Elles ont rien à faire ici. A sortir leur tête…elles me narguent toute la journée… J’t’enfouterai moi. Ça va finir au encombrant. C est moi qui t’ le dis…
merci pour le respect du collectif de bien veiller à la charte graphique des titres « #anthologie #01 ou #02 etc | votre titre » et surtout à cocher les catégories correspondantes – E.L.
je vais corriger désolée.
Toi aussi, tu a pris le parti du dialogue pour alléger la description. J’aime, bien sûr.