Matin #1. Il est là, devant moi. Vide.
Matin #2. Il est là, devant moi. Occupé.
Matin #3. Il est là, devant moi. Occupé.
Matin #4. Il est là, devant moi. Occupé.
Matin #5. Il est là, devant moi. Occupé.
Matin #6. Il est là, devant moi. Vide.
Matin #7. Il est là, devant moi. Occupé.
Matin #8. Il est là, devant moi. Occupé.
Matin #9. Il est là, devant moi. Vide.
Et ainsi de suite. Litanie du quotidien.
Je prends le métro. Dans ce métro des années 70, il y a un siège des années 70. En skaï orange. Je choisis celui-là en particulier parce qu’il se situe en face du mien.
– supprimer de la narration les jours où je reste debout –
Dans ce siège en face du mien, il y a parfois quelqu’un.
Souvent quelqu’un.
Il est parfois vide.
Rarement vide.
Une éternité de cheveux a patiné l’appuie-tête qui luit timidement. Pantalons, jupes, robes, bermudas… Les matières qui ont patiné l’assise sont légion. La mémoire est lisse. Puis, description close.
Mais ce siège en face du mien, combien de séants a-t-il accueillis depuis qu’il est siège en skaï orange ? Qui l’a marqué de ses effluves ? Qui l’a marqué de ce dessin au bic ? Qui l’a marqué de cet accroc ?
On pousse la curiosité, on cherche à savoir, à connaître les histoires vécues là. Quels livres a-t-on lus dans le confort de ce siège en skaï orange ? Quels chagrins ont-ils débuté dans l’épineux de ce siège en skaï orange ? Quels coups de fil ont-ils dégénéré dans l’obtus de ce siège en skaï orange ?
On vagabonde. Pensées assises sur ce siège en skaï orange. Et demain ?
Au début je n’ai vu qu’une partie et ai pensé à 5 fois et j’ai pensé ingénieux mais j’ai continué à le penser après. Merci pour ce texte on-off.