Une seule fois elle a suivi un homme inconnu, croisé dans un escalateur en sens inverse, un regard bleu indigo, clé sublime d’une portée musicale qu’elle était seule à entendre, regard perçant et doux à la fois, une décharge électrique au milieu du front, sensation subite d’un fil tendu magique, d’un harpon, la brulure était intense, clignement des yeux et décision subite de pister l’homme porteur d’un regard si fascinant, grand manteau qui faisait disparaitre les détails de son corps, chevelure abondante et bouclée, elle a failli le perdre de vue, elle le retrouve haletante, il marche vite, la rue est partiellement éclairée, elle accélère ses pas, il ne semble pas l’avoir aperçue à sa poursuite, elle ne pense plus, elle est mue par une attraction incontrôlable, elle oublie tout, de plus en plus légère, de plus en plus effrontée, elle accélère, se rapproche de lui, le dépasse, se retourne, l’oblige par son positionnement frontal à s’arrêter, il ne sourit pas, mais déclare — c’est vous que j’ai vu tout à l’heure sur l’escalateur n’est-ce pas ? C’est étrange le degré de ressemblance entre ma mère et vous ? — Effondrement brutal, âge réel retrouvé en boomerang, réalité impitoyable, un rêve de plus à enfouir dans la terre !
étrange et ravissant cette mère qui reconnaît le fils qu’elle n’a peut-être pas eu (c’est comme ça que je le lis)
J’aime bien ton interprétation Danielle même si elle ne correspond pas à mon intention.
Il m’arrive parfois de croire reconnaître un ancien petit ami avant de me rappeler qu’il n’aurait sans doute pas cette tête-là et que c’est au mieux son fils que je croise. C’est une impression très étrange et dérangeante.
Tout oublier! Foncer! Vivre ! Ce qui est beau c’est qu’elle y va au risque de s’effondrer.
Éprouver la disjonction entre l’élan vital, la puissance inextinguible du désir et l’ apparaitre. Devant l’autre supporter son âge de mère.
Tout à fait d’accord Nathalie, éprouver, ressentir du désir, un élan vital fait du bien même si le retour à une réalité plus conventionnelle remet les pieds en place !
(illustration du manque de tact des trentenaires de nos jours -nos enfants donc) l’amour l’amour toujours l’amour… (and I like it)
Les trentenaires d’aujourd’hui sont bien excusables ! D’accord, l’amour, l’amour toujours même dans un simple regard !
oh ! oui.. on oublie, mais les yeux autres ne voient pas ce qu’on est toujours
Tout à fait d’accord Brigitte, préservons ce qui ne s’efface pas !