Bande-dessinée.
Bande, lanière, attache, lien, bande de copains, bande de malfaiteurs, bandits, bande magnétique, bande son, bande annonce, bande de Gaza, guerre, bandage, blessure, bandelettes, plate-bande, plate-forme, passe-bande, bande fréquence, bande passante.
Dessin, forme, plan, crayon, crayon gris, crayons de couleurs, gomme, effacer, tracer et effacer, dessiner et oublier, contours, devenir plus net, dessein, design, désigner, montrer, « tu veux que je te fasse un dessin ? », dessin-animé.
Bande-dessinée, B.D., bédé, bédéiste, bédéaste, bédéphile, bédéphobe, comic-strip, comics, comique, joie, rire, insouciant, enfant, j’ai été un enfant, je ne le suis plus, oublié, la bande-dessinée fait partie de mes souvenirs d’enfant, c’est quoi la bédé ?, des souvenirs, juste des souvenirs.
Tintin, Spirou, Météor, Kiwi, Nova, Circus, Strange, Pilote, L’écho des savanes, Fluide glacial, (A suivre), Métal Hurlant, Pif gadget, pourquoi j’aimais tant ça ?, parce que mes parents n’aimaient pas, parce qu’ils n’y comprenaient rien, parce que je trouvais d’autres que moi pour dire ce que j’avais en moi.
Tintin, Milou, Capitaine Haddock, la Castafiore, les Dupont, autre monde, autre temps, autre réalité, autre rapport à la vie, ligne claire, ma réalité est floue, je rêve en bande-dessinée, j’étais un enfant qui vivait dans le flou.
Je ris Achille Talon, je me marre Astérix et Obélix, je me moque Bidochon, je mitonne Concombre masqué (RIP), je lutte Gaston Lagaffe, je révolutionne Grand Duduche, je vicelarde Iznogoud, je motarde Joe Bar, je rantanplanise Lucky Luke, je luckylukelise Ran Tan Plan, je gotliblise Rubrique à brac, je superironise Superdupont.
Plus grand, j’adolescientise. Adèle Blanc-Sec une touche d’anarchie, Barbarella révolution sexy, Corto Maltese la mer comme infini, Face de lune l’hymne à la vie, Jack Palmer la question qui tue, Léo Loden humour facile, Partie de chasse politique contestataire, Silence silence si lent ce…
Et puis Moebius-Giraud, depuis toujours, la claque, onirique, rêvée, décalée, dépravée, déphasée, démembrée, décharnée, démultipliée, décérébrée, Arzach, Major Fatal, John Difool, Icare, la belle bande d’allumés, et Blueberry, solide, éternel, et le surfeur d’argent, dépressif, ténébreux, et la vie, et la mort, et la drogue, et les croyances, et les voyages sans retour. Et la vie.
Amérique, autres rêves, autres enfants, autres délires, Batman, Captain America, Daredevil, Doctor Strange, les Fantastic Four, Hulk, X Men, Iron Man, Spiderman, Superman, super-héros, super-tarés, super-timbrés, mais aussi Mandrake, mais aussi Popeye. Mais aussi Maus.
Par dessus tout, j’aurais aimé être le vagabond des limbes, Axel Munshine, le grand conciliateur, prisonnier de mes rêves, Chimeer, et Musky, putentrailles, petit clown, petite enfant ne deviendra jamais grande, ou pas, ou tant pis, ou trop tard, elle est comme moi.
Je voulais Canardo aussi (RIP encore), je voulais Blacksad, je voulais Blake et Mortimer, je voulais 120 rue de la gare, je voulais la femme du magicien, je voulais Lone Sloane, je voulais He Pao, je voulais Nausicaä, je voulais Pacush blues, je voulais Rahan, je voulais Ray Banana, je voulais Raoul Fulgurex, je voulais les Schtroumpfs, je voulais Tarzan, je voulais le transperceneige, je voulais XIII, je voulais Valérian et Laureline.
Et puis pif, paf, ouf, pouf, bang, slam, treeet, poc, smack, plop, zzzzz, un phylactère c’est de l’écriture ?, ne lis pas ces idioties, éteins la lumière, dors, tu as classe demain.
Bande-dessinée, évadé, affirmé, vie rêvée, enfant toujours. Adulte jamais.
Je trouve qu’il y a une très belle articulation entre le flot de la consigne, l’inventaire, et l’intime…
Merci. Je trouve que ce genre de consignes sont supers pour créer un élan, pour mettre en mouvement. Quitte à s’en éloigner par la suite.
Houhou… Super bibliothèque. Maus et le Chat du rabbin et tellement d’autres cosmogonies…
Il faut dire que cet espace est tellement grand qu’il faut un peu le réduire avec de l’intime pour le « fatiguer », comme le dit François Bon.
Une vie en BD
A y réfléchir, c’est un peu le cas pour nous tous, non ? Ou plutôt, les BD racontent nos vies.
incroyable comme ça construit une pulsion toute personnelle de se mettre à écrire et inventer !
Comme je le disais un peu plus haut, amener de l’intime a été ma façon de réduire un peu cet univers infiniment grand afin de chercher à le « fatiguer ». C’est vrai que cette réduction, du coup, fait galoper l’imaginaire.
pulsion et je dirais même pulsation
C’est vrai, Lisa. Ça pulse…