Au bord, tout au bord, rien qu’au bord
Que vouloir de mieux ?
– Des voies où s’engouffrer.
Quelqu’un arrive quelque part.
Je d’ombre et de lumière. Être une ombre. Avoir sa part d’ombre. Être à l’ombre, à l’ombre de. Se tramer dans l’ombre et sortir de l’ombre, sauter hors de son ombre. Quelqu’un comme une ombre littéralement portée.
Au bord, tout au bord, rien qu’au bord
Que vouloir de mieux ?
– Des voies où s’engouffrer.
Une femme, seule, au bout de la jetée
Échouée là comme échouent les os de seiche qui restent à la frange du sable mouillé, ballotés par l’écume des vagues mourantes, bringuebalés au gré des marées. Le regard gris, égaré sur la crête des lames. Elle y voit goélands et albatros, vastes oiseaux des mers*, tremper leurs ailes dans le blanc des brisans. Jamais ils ne se noient. Elle inspire l’odeur iodée du varech. Une inquiétude se distille lentement en elle. Cette odeur… elle perçoit un trouble qui affleure sa conscience sans qu’elle puisse en saisir la teneur. Cette odeur…
Au bord, tout au bord, rien qu’au bord
Que vouloir de mieux ?
– Des voies où s’engouffrer.
Eux, qui sont-ils pour juger ?
La solitude comme refuge. Faire le vide. Abandonner ses fantômes. Oublier, effacer, gommer, rayer, enlever, annuler, supprimer. Devenir amnésique. S’alléger. Plus d’histoire, plus de récit, vierge de toute fabulation. Jeter journaux, carnets, lettres et cartes postales. Nettoyer les boites mails et les réseaux sociaux. Faire le vide. Et le défaire.
*Baudelaire – L’albatros
Codicille : en italique les trois extraits pris dans la Sentimenthèque, réunis en un tercet. Mise en lien de #L1, #L2 et #L3 avec le titre de chacun des paragraphes induits par ce choix.
belle composition et proposition