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L’œuf est couché sur le flanc, vacillant instable, il roule sur la table, tremble, balance, c’est mon doigt qui assure un équilibre précaire. Ovale très allongé, sommet pointu, base bombée, sans stabilité. Coquille blanche, régulière, à grain fin presque lisse, coquille fragile, vite fêlée si on n’en prend pas soin. Œuf du poulailler voisin, de poules bio, courant dans le pré tous les jours, toute la journée. Une petite plume duveteuse colle encore à la base, souvenir du nid où l’œuf a été cueilli ce matin même.
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Je pose l’oeuf debout, dans le coquetier, pour assurer. Presque blanc, d’une poule blanche caquetant toute la journée dans le pré voisin. Avec des compagnes plus colorées, d’ocre à marron foncé. Les œufs aussi sont plus colorés, parfois plus ronds, mais l’intérieur est tout aussi savoureux. Sous la coquille de ces œufs de première fraîcheur, il y a un trésor de bienfaits. Mais dont on ne voit rien tant qu’on n’a pas cassé l’écorce protectrice. Tu peux mirer l’œuf, le tenir contre une source de lumière, tu peux le mettre dans l’eau pour mesurer la fraîcheur, l’œuf plonge ou surnage, tourne ou tremble. Mais tu ne peux pas voir l’intérieur tant que tu ne l’as pas cassé dans une assiette.
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Donc, on casse. Mais pas si vite ! L’œuf que la voisine t’a offert ou que tu lui as acheté, tu peux le cuisiner de différentes manières. Et ça, il faut le décider avant de le casser. Tu peux faire cuire ton œuf, entier, dans l’eau bouillante, trois minutes – œuf à la coque, cinq minutes – œuf mollet, huit minutes – œuf dur. Chaque mode de cuisson a ses adeptes. Il faut juste savoir ce que l’on aime et l’éplucher ensuite, savourer l’onctuosité de l’œuf à la coque placé dans le coquetier, croquer dans l’œuf dur écaillé ou l’écraser pour faire des œufs mimosa. Maintenant, tu peux aussi casser ce bel œuf blanc. Dans l’huile de la poêle pour en faire un œuf au plat rond jaune soleil dans un cercle blanc. Fondant sur le palais avec un bout de pain pour faire passer. Ou dans un bol, pour fouetter, aérer et ensuite verser le mélange dans la même poêle pleine d’huile chaude qui le fait danser et chanter. Les œufs s’amalgament, s’éclaboussent, la cuillère tourne et touille pour créer une belle omelette baveuse nature ou aux herbes ou à la truffe odorante.
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Symbole de vie, de renaissance, les oeufs participent aussi aux traditions et sont à l’honneur à la fête de Pâques, décorés de mille manières. Teints en rouge, bleu ou jaune, ils finissent cachés dans les jardins, pour la joie des enfants, même si le chocolat les remplace souvent aujourd’hui. Peints délicatement d’ornements venus de temps anciens, ceints de rubans, de dentelles, posés dans une jolie corbeille ou accrochés au plafond pour faire un mobile pascal. Pour finir sur la table dans des recettes familiales.
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Mon œuf blanc ne sait encore rien de tout cela. Il est en attente. La peinture ou la poêle. Les rubans ou le coquetier. Peut-être finira-t-il simplement dans la pâte du gâteau d’anniversaire ? Utile, apprécié, il sera de toute façon cuisiné sous peu, d’une manière ou d’une autre.