Avec l’aimable autorisation de Caroline Diaz, voici une photographie de son mur. Un mur que je ne connais pas, un mur que je connais bien. Je l’ai longé ce mur, j’en ai même rêvé. Une nuit, j’ai trouvé le passage, sans rien faire d’autre que d’en rêver. Alors, je vais moi aussi faire le mur – être mur – dos au mur. Mon mur, il n’a ni dehors ni dedans ; il existe sans exister. Face au mur, je reconnais pourtant la pierre, je me souviens de ces carrières de gypse de Ménilmontant, de Belleville ou des Buttes Chaumont… qui elles-mêmes ont gardé l’empreinte d’un fossile crétacé. La pierre, elle, se souvient de tout : les coups de marteaux, les balles, les clous… La pierre accroche le regard comme elle accroche le cœur ; la pierre ne se lamente pas : elle attire l’attention pour tous ces accros qu’on lui a fait subir, accidentellement ou pas – elle ne ment pas, la pierre.
Le regard se pose, fasciné par cette surprenante vivacité des plantes qui s’accrochent, pour vivre, pour survivre, dans les plus petits interstices que leur offre la pierre. Le vent l’a porté là avec juste ce qu’il faut de terre dans les racines, ce séneçon. Pas si commun et pas vulgaire pour un sou, lui. Peut-on dire aussi que le ciment lui fait de la place pour vivre ou bien que le maçon aura voulu le découvrir ? Son ciment s’effrite ou bien dessine la carte d’un territoire où le séneçon est l’arbre – qui cache la forêt – et derrière, une alvéole qui serait la caverne, l’antre de celui demeurant là…