Je ne suis pas un écrivain. Je ne veux pas être une écrit-vaine. Un écrivain a des idées à transmettre, sur le monde, sur la vie, sur sa vie.
Ce n’est pas mon cas, je suis une inventeuse des histoires que j’aimerais lire et qui n’existent pas encore.
Je dis : j’invente mais je sais que c’est faux. La vérité est que je perçois des bribes de récit qui me frôlent et parfois s’arrêtent et partagent ma vie intérieure pendant des jours, des mois ou plus.
Le temps passant, je les ai noté sur des papiers volants, des premières pages de cahier – celles qui sentent bon lors des rentrées scolaires- ou même des dos de tickets et des coins de prospectus.
Le tout soigneusement rangés dans des chemises à rabats qui finissent par déborder et dont les élastiques se relâchent avec le temps. Certaines chemises se sont perdues au fil des déménagements.
Régulièrement j’ai regretté de ne pas avoir LE lieu où je compilerais ces fragments pour en faire une oeuvre. Elle contiendrait tout de moi et serait universelle.
Je n’ai pas de lieu dédié à l’écriture puisque je n’écris pas. Sauf sur la tablette du siège devant le mien dans un train, sur une table de café dans un aéroport en attendant une correspondance, n’importe où lorsque j’en ai besoin. Lorsque la trame de mon premier roman m’a effleurée j’étais à Munich, les cinq heures d’attentes ont passé si vite que j’ai attrapé ma correspondance de justesse.
Je rêve d’un lieu d’écriture. Je l’imagine isolé et en hauteur, un grenier, un moulin, un phare ou une cabane dans les arbres. Il est chaleureux, les murs couverts de mes livres préférés. Un grand bureau en bois sur lequel sont étalés des cartes géographiques, des notes et dans une boite en laque quelques beaux stylo. Un ordinateur bien sûr ainsi qu’une imprimante à jet d’encre. Sur un mur un panneau de liège pour punaiser les inspirations photographiques du moment et les post-it pour séquencer l’intrigue en cours. Je m’y rendrais tous les jours et pendant trois ou quatre heures j’écrirais quatre pages. Ou alors je m’y rendrais tous les jours et j’écrirais mille mots. Il y aurait une grande fenêtre qui s’ouvrirait sur la mer. Mais je serais plongée dans mon écriture journalière et cette vue ne serait que la récompense de mon effort quotidien.
Il y a dans ce désir de confort en hauteur quelque chose de félin…
Merci pour cette lecture. C’est tout à fait juste, la compagnie d’un chat, peut-être même pelucheux, serait propice…
Prendre de la hauteur, ça fait rêver …
Merci Dominique pour ta lecture. Le rêve c’est notre matière première.