Cheveux, chevelure échevelée part au vent, au vent les cheveux-chevaux dispersés. Cheveux longs, courts, cheveux bouclés, cheveux sont épais crépus lisses cheveux longs devenus courts, les cheveux coupés qui grattent dans le dos, cheveux doux, cheveux secs aussi, les cheveux gras mèches en paquets, les cheveux matière morte. Poils longs cheveux de princesse et cheveux qui n’ont pas de coupe, coupe garçonne coupe les cheveux se couper les cheveux en quatre ou la poire ah non poire c’est deux, deux paquets de cheveux couettes ou nattes ou tresses et puis tresses entortillées tresses africaines, natte unique dans le dos un poids dans les hanches le cheveu est serpent ; Méduse femme cheveux de femme, coupe féminine plus chère coupe du gars tondeuse et ciseaux, dix euros. Raser crâne femme tonte tondues sont les femmes aujourd’hui se tondre entre sœurs. Cheveux qui tombent, chute de cheveux. Absence de cheveux, cheveux partout c’est crade c’est beau les cheveux qui passent devant les yeux, ceux qui chatouillent les cheveux emmêlés, les cheveux sales, infestés de poux jusqu’au sang, sang des cheveux teints au henné. Les paquets de cheveux qui tombent lourds les cheveux sont des poids les cheveux qui glissent sur la peau les cheveux doivent être lavés, pas toujours. Cheveux s’emmêlent, qui traînent, cheveux qu’on imagine toucher à distance, cheveux tout près, avec odeurs. Femmes qui n’ont plus de cheveux parfois enveloppés dans des foulards, femmes dissimulent les cheveux au regard. Cheveux de toutes les formes et couleurs ; cheveux bruns blonds roux châtains auburn noisette des trucs à manger cheveux noisette et yeux noisette tout est noisette dans cheveux. Quand aussi soleil change couleur et quand temps fait que cheveux deviennent gris plutôt blanc et puis cheveux que l’on teint violet bleu rose avec soin pas toujours. Cheveux que l’on oublie, cheveux que l’on abîme, que l’on maltraite ; mordille coupe mange brûle oui brûler cheveu odeur de poil grillé, fontanelle n’est plus, écœurement. Les cheveux immenses tête réduite cheveux qui se frottent, cheveux qui se déversent ; cheveux dans le vent, dans l’eau comme des algues cheveux de morte, cheveux qui ne sont plus en vie, matière vivante, vivant est le cheveu que l’on maltraite. Traiter les cheveux avec produits chimiques – non pas de ça car depuis la douche l’eau directement est renversée dans jardin alors empoisonnement des bêtes – préférer les produits naturels, gorger d’huile et de citron la matière capillaire. Gestes de coiffeuse. Ciseaux lames et puis les doigts. Faire doucement, geste précis ; enrouler doucement boucle, soigner la boucle, défaire la boucle, défriser en une boucle, Boucle d’Or. Anglaise et rubans, coiffe d’un autre temps, coiffe traditionnelle. Bijoux de cheveux, parures, des choses à glisser, à démêler dans les cheveux. Peigner, rite. Offrande, sacrifice des cheveux ; mais comment a t-elle pu faire ça, c’était sa seule beauté. Symbole symbolique, sans gêne aucune, sans séparer de force, pouvoir, séduction, cheveux sans aucune crainte les échanger contre des sous pour la bonne cause, pour ennuyer le monde ou dire tout haut que cela aussi bien que le reste appartient à son corps. Les cheveux sont un corps, les cheveux sont des corps. Organisme pellicule cellule photographie des cheveux qui s’imprègnent. Cheveux dans la bouche, cheveux dans les yeux, dans le nez, dans toutes les cavités ; partout les cheveux tracent des routes jusque dans le corps. Corps avec cheveux artificiels, perruques et autre trucs ; postiche, théâtre, danse. Chorégraphie du cheveu qui s’enroule haut sur crâne, les épingles qui blessent la tête, les tresses que l’on serre font comme des bleus dans le crâne. Cheveux se coupent, se divisent, division en fourche. Les cheveux se font la malle, les cheveux décampent. Crâne chauve qui brille, dégarni, cheveux épars. Cheveux gris de la sorcière. Cheveux royaux, d’angoisse blanchi en une nuit. Cheveux comme des filets dans lesquels on s’attrape des chevaux de feu qui galopent dans les rêves, rêver la perte de cheveux, rêver la disparition de la chevelure : sur photo les ombres forment d’étranges cheveux, inverse aussi vrai.
aussi beau qu’une chevelure
et ce « mais comment a t-elle pu faire ça, c’était sa seule beauté…. »
Merci Brigitte ! Oh ceci est un emprunt souvenir qui m’est (re)venu…
Magnifique !
Merci Isabelle !
le kilo d’énergie que tu y as mis, on prend ! bravo pour le thème…
Lautréamont est avec moi !
Plusieurs heures à réfléchir le thème et puis trouver évident de parler cheveux. Aujourd’hui regarder en boucle les vidéos Tarkos (merci !) parce que la voix c’est de l’énergie à prendre, ça inspire comme il faut…
(et relire le cheveu de Maldoror dans les Chants de Lautréamont !)
Une ligne tendue… J’aime beaucoup. Bravo
Merci Mathilde !
Superbes cheveux chevelure mots chevauchés. J’ai suivi le fil du poil, mais ne suis pas allée aussi loin dans le décorticage du cheveu.
…et apparemment nous avons publié pile poil au même moment puisque nos textes se suivent dans l’ordre du blog…
Nos textes ont failli s’emmêler ! Drôlerie de l’atelier… Merci pour votre lecture Laure.
Bravo pour ce texte, qui m’a hérissé le poil! Le cheveu comme un organe précieux.
Et oui, on en fait bien des reliques. Merci de votre passage par ici Claire.
… un thème qui assurément tient plus au corps que les cheveux eux-mêmes – cheveux que l’on a toujours trop courts, trop longs, trop raides, trop frisés, trop bruns, trop blonds, trop fins, trop de trop… un sourire pour les cheveux blancs de nos (arrière-)grand-mères sacrifiés sur l’autel du violet bleu rose. Merci pour tous ces cheveux…