Tu sais…Tu sais bien.. enfin tu sais…tu sais cet endroit que tout le monde connait, tu sais ce chanteur célèbre, tu sais, le réalisateur du film, le comédien qui a joué dans…. Appliquée, tu fouilles ta mémoire, cherches des indices , tentes de repérer dans le discours la trace de ce savoir que tu es censé connaitre mais tes efforts sont vains, tu ne sais pas. Le plus souvent on continue de parler, sans s’arrêter à ton effort de mémoire, à ton application. Et un prochain tu sais inaugurera une nouvelle phrase, un nouveau savoir dont tu devrais être averti. Cette fois-ci, tu sais. Tu sais qu’il est inutile de chercher car il n’est pas sûre que cela te soit demandé. Dans ce tu sais, peut être cherche t-on la connivence, l’accord parfait, la complicité d’un savoir identique, une mêmeté. Dire ton ignorance brisera l’accord attendu, déchirera l’implicite de ce tu sais sans point d’interrogation. En somme, ton ignorance préfère être ignorée. Parfois, c’est pourtant avec fanfaronnade, teintée d’agacement que tu viens répondre à cette question que l’on ne te pose pas. Non, je ne sais pas. Stupéfaction. On insiste. Enfin, bien sûr que tu le connais, !…on l’entend tout le temps à la radio,! … il a gagné la dernière Palme d’Or! Tu entend là, l’impératif. Les points d’exclamation se multiplient. La connivence n’a plus court. Tu ne sais pas! C’est la lacune, le gouffre de l’ignorance, l’inconcevable. Le discours s’arrête dans le Oh ! de la stupéfaction. Il suffirait pourtant que tu sais s’orne du point d’interrogation ou qu’en place d’inaugurer la phrase, il vienne la ponctuer, pour qu’un espace s’ouvre et que s’engagent les mots du dialogue. Tu sais bien, non?
« Tu sais » introduirait un peu une confidence (quand il inaugure le discours) quand il se montre plus impatient en fin de phrase. Jolie nuance, merci !
Merci Cécile de votre commentaire qui encourage la nuance.