« Tu m’aimes ? » … C’ est étrange comme la voix de son homme soudain se liquéfie.
« Tu m’aimes ? »… elle ne distingue déjà plus les phonèmes, elle essaie pourtant de se concentrer, elle voudrait bien que les mots viennent, pour une fois, s’accrocher à elle. La voix murmurée coule sur elle. Elle est si loin, si loin, silhouette de papier dansant sur la surface molle de l’eau. La mer semble respirer doucement.
« Tu m’aimes ? » … lui, il se souvient bien de sa demande à elle, impérieuse, lancinante. « Tu m’aimes ? » … le laissant à chaque fois comme coupé d’elle, séparé du monde, seul et suspendu au dessus d’un gouffre. «Tu m’aimes ? »… pour toujours oui oui … mais si …
« Tu m’aimes ? » ritournelle de l’amour, telle une gâterie sucrée, inoffensive routine des mots qui s’entremêlent de bouche à bouche.
Formidable ! (mais cette routine des mots est-elle si inoffensive ?)
Merci de votre retour ! oui, en effet, ça s’ interroge, c’est en tout cas exactement ce point là qui m’a poussée à écrire ! Dans l’après-coup et aussi par rapport à votre commentaire, je me rends compte que ce choix du mot « inoffensive » était un brin ironique !