D’où me viennent les thèmes qui motivent mon écriture, les écritures des autres qui me plaisent, celles que je déteste, comment je travaille un thème, les textes dont je suis contente, ceux qui me déplaisent, mais que je publie, ceux que je publie à différents endroits, ceux qui restent uniquement dans l’atelier Tierslivre parce qu’ils sentent trop l’atelier ou parce qu’ils mettent en cause d’autres personnes, l’effet qu’ils produisent (entre parenthèses, le nombre de commentaires), voilà mon dictionnaire. Pour la première fois (au sixième atelier et bien d’autres travaux : un autre atelier en parallèle, un blog, un site refondu, l’importance grandissante de la photo), la sensation d’une grande facilité et d’une grande cohérence : ça s’écrit vite, c’est bien moi, j’ai mes vraies pistes (voir « penchants naturels et tentations inavouables ») bien que les textes que j’aime le moins (ou pas du tout) soient les plus commentés (!!!) et j’ai trouvé une vitrine externe pour ma suite TCL. Du temps libre cette année, l’œil de François Bon (même rare), le travail en amont, les interactions avec les autres participants. Le laboratoire a fonctionné pour moi. J’en fais ici la recension la plus honnête possible. Demeure toujours l’interrogation persistante : suis-je faite pour aller au-delà des fragments, des micronouvelles ? Sans doute, non.
Toi, tu es faite de granit — Sol (18) Le Larousse donne plusieurs définitions :
- Couche superficielle de l’écorce d’une planète tellurique : Sol lunaire.
- Couche superficielle de l’écorce terrestre considérée quant à sa nature ou à ses qualités productives : Un sol calcaire. Un sol fertile.
- Surface de la Terre, aménagée ou non : L’avion s’est écrasé au sol.
- Surface, en général plane et horizontale, aménagée pour le séjour, la circulation, etc., ou formant le plancher d’un appartement, d’un véhicule, etc. : Le sol d’une cave.
- Littéraire. Contrée, pays, patrie : L’attachement au sol natal.
Le granit m’est venu en premier, passé d’agronome ayant quelques notions de géologie et de pédologie, passé tout court. Mon histoire, mon attachement au sol natal, mon univers tourné vers le dehors. Les sols que nous foulons dans les villes et les habitations ne viennent qu’après en lisant les autres : les carreaux de la cuisine, les pavés de l’allée, le bitume des routes.Texte trop rationnel, trop raisonneur. L’opposition entre granit et calcaire est lourde, bien que profondément ressentie. Pas du tout envie d’écrire comme ça.C’est le dernier paragraphe de ce texte que j’ai utilisé pour la dernière proposition : il, elle, corps pour écrire « Was bleibt ».
Il faut qu’on parle (11) Un événement de la vie de tous les jours, un drame familial dont les effets se font encore sentir, une relation père-fils blessée. Un texte que je n’ai pas osé publier dans mon blog, de peur que le père s’y reconnaisse, y reconnaisse sa violence.
- Si tu la vois, dis-lui qu’elle me doit vingt balles (20)
- l’importance du balai dans ma vie (2)
- Autofocus (6)
Les textes des autres qui me donnent une idée, un point de départ, une envie de dire les choses autrement, de jouer à un jeu dangereux de m’immiscer dans l’univers des autres. cf. Réécriture d’un texte de Milène Tournier (il, elle, corps)… qui heureusement l’a bien pris.
Cette voix qui me guide (4)Tout ce texte n’est fait que de souvenirs personnels de ma vie au 50 rue du disque. J’ai reparcouru la rue avec Google street view. D’où me venait le thème ? sans doute d’un autre atelier qui donnait un seul mots de départ : voix
Sur l’île déserte (0)Plongée dans l’histoire de Robinson Crusoé et celle d’Ulysse (qui m’ont bien occupée tout le début de l’été après la lecture de « dans la forêt » de jean Hegland dont je ne comprends pas le succès, puis de « Sa Majesté des mouches » de William Golding qui m’a enthousiasmée) j’avais envie de parler d’île. Souvenirs personnels des îles de la Dore.
C’est cadeau (4)Texte de réaction à une histoire de cadeau refusé. Délire, mais recherche sur les perroquets et leur potentiel d’imitation.
Ces trois textes ont été réutilisés dans un autre atelier et dans mon blog
Le pourpier (7) Longue divagation sur mon jardin, souvenirs littéraires, réaction au texte de Ponge, introduction des événements des cinq jours impartis à l’exercice : lecture de Modiano, querelle sur Facebook. Une partie réutilisée dans mon blog sous forme de nouvelles « les légumes anciens » et « sous les jupes de mon potager ».Et planté Portulacca grandiflora (découvert au cours des recherches) sur ma terrasse. Très belle floraison toute la fin d’été.
L’aventure commence à l’arrêt de bus (et 20 textes suivants) (0 à 8) L’enquête comme je l’aime : découvrir, parcourir, faire des recherches complémentaires, se poser des questions, essayer de les résoudre, rencontrer des gens et des lieux, donner à chaque étape une petite histoire qui puisse intéresser quelqu’un. Insérer des photos. Avoir des retours.Lecture de « le nouvel âge de l’enquête » de Lauent Demanzé (livre autour duquel je tournais depuis longtemps sans me le procurer après une émission de France culture) et de deux livres écrits par des conducteurs de bus.Tous les textes ont été publiés dans mon blog.Solliciter les TCL pour en faire une publication. Première étape : être l’invitée du mois dans le magazine interne (interview ce jour). Deuxième étape : faire cadeau aux voyageurs d’un imprimé fait des textes et des photos (en cours)
Enquête sur moi-même (15) Exercice publié uniquement sur Tierslivre. Amusement à alterner révélations prosaïques et détaillées et grands pans caviardés. Rien appris de moi. texte dur que je n’aime pas. Lu par une ou deux personnes extérieures. Touchées. Pas moi.
Penchants naturels et tentations inavouables (9)Un bon résumé de ce qui m’agite : l’enquête, les histoires, l’intertextualité, le besoin de travailler plus et de trouver des lecteurs, d’avoir des retours, l’abandon de la rationalité trop prégnante chez moi (sans tomber dans le délire et l’intransmissible), mais casser les liens de cause à effet, laisser s’infiltrer le hasard, avoir confiance en ce qui advient quand on est attentif. Un texte de blog en est sorti à la suite de la rencontre avec Amy Hempel (voir la suite) : « Aspiration au calme » fait de sensations et d’événements sans lien perçus dans une même journée et qui interrogent ma perception du monde. Non publié dans Tiers livre.
En forme de cœur (11)La rencontre avec les journaux d’écrivains m’a bien occupée. Longs jours de lecture. Mise en parallèle de ce qu’ils relatent et des grands événements qui agitent le monde. Une enquête encore. La rencontre avec Amy Hempel et l’achat de ses quatre recueils de nouvelles, lus intégralement.Poursuivi au-delà de l’atelier par la lecture de tous les textes de Christa Wolf en relation avec les grandes dates de l’histoire de la RDA et de l’URSS. Sans conclusion. Extrait du texte commencé, non terminé, titré « Das Leben der anderen » comme le film de Florian Henckel von Donnersmarck :
Das Leben der anderen Les modes de vie égalitaires, les sociétés tendues vers les valeurs de l’être et non celles de l’avoir m’ont toujours tentée. Dans ma jeunesse, j’ai voulu aller voir de près kibboutz et pays de l’Est ; j’ai travaillé dans un kibboutz en Israël en 1969, en Pologne en 1971 et en Allemagne de l’Est en 1972 dans une LPG (Landwirtschaftliche Produktionsgenossenschaf). Ces expériences très courtes (à peine un mois chacune) m’avaient déjà laissé des doutes sur les modes de fonctionnement collectifs. Partout on sentait des aspirations brimées, minuscules à mon échelle d’observation (l’éloignement des enfants en Israël, le rock et les jeans en Pologne, le jardin privatif et le manque de biens de consommation en RDA). Les valeurs d’égalité et les aspirations à un monde moins préoccupé de consommation ne m’avaient pourtant pas quittée.Très secouée par le film « La vie des autres » diffusé hier sur Arte, j’ai replongé dans les écrits de Christa Wolf aux grandes dates de la RDA et de l’URSS pour comprendre comment une citoyenne éclairée, informée et engagée avait pu persister dans son espérance d’une société nouvelle et d’un homme nouveau malgré tout.
Comment a-t-elle anticipé, prévu, relaté les évènements à ces tournants de l’histoire dans ce jour dans l’année qu’elle avait choisi : tous les 27 septembre de 1960 à 2000.
13 août 1961 : édification du mur de Berlin
1973 : publication de L’archipel du goulag de Alexandre Soljenitsyne (prix Nobel en 1970, arrêté et expulsé en 1974 d’URSS, accueilli d’abord par Heinrich Böll en Allemagne)
1976 : Wolf Biermann est déchu de la citoyenneté est-allemande
1980 : publication en occident de vie et destin de Vassili Grossman terminé en 1960 et interdit
mars 1985 : arrivée au pouvoir de Gorbatchev
avril 1986 : Tchernobyl
novembre 1989 : chute du mur de Berlin
3 octobre 1990 : réunification de l’Allemagne
août 1991 : putsch permettant la destitution de Gorbatchev et l’arrivée au pouvoir d’Elstine
extrait d’un texte non Publié
Texte sans doute non terminable : Christa Wolf est resté en RDA malgré tout, en a subi les conséquences, a souffert de l’incompréhension que cela a suscité. Mystère d’une vie… sur lequel elle s’interrogeait elle-même. Lecture de « Médée » en même temps.
Was Bleibt (0)Toujours immergée dans Christa Wolf dont je reprends un titre, j’ai écrit sur la mort, la séparation de l’âme et du corps. Très inspiré par l’expérience du déclin de mes parents. Une préoccupation constante, celle de mon roman en cours : parler du déclin, de ce qui reste quand il ne reste presque plus rien.