Une clé, des clés, celle des songes peut-être ou du paradis, clé de caisse, de secrétaire, de bureau, clé de porte, clé de porte de prison, la clef du coffre-fort et des cœurs, c’est la même selon La Fontaine, il s’agit de bien fermer les cœurs à clé, à la clé, avec la clé, fermer à un, à deux, à double, à triple tours, puis mettre la clé sous la porte, prendre la clé des champs, m’offrir une belle clé d’accordeur pour donner une seconde vie à mon amour, un second souffle pour reconquérir la clé de son cœur, connaître enfin la clé de l’intrigue, trouver la clé du mystère, la détacher du trousseau, la modeler en passepartout et non en passe partiel, en bouquet de clés ouvrant toutes les portes, de fer, d’acier, d’eau ou même de plumes, voire de feu, pour serrures à garnitures ou serrures à gorges, peu importe quelle serrure quand on apprend que la partie de la clé entrant dans la serrure est appelée accueillage, ça donne des idées d’accueil et de cueillette, voire des désirs plus personnels, peut-être celui de collectionner des clés anciennes forgées à la main, des clés de caractère, de celles que l’on pourrait considérer en tant qu’œuvres d’art, de celles qui font rêver, la grande clé rouillée ouvrant les grilles d’un vieux château par exemple, ou la clé géante d’un phare perdu au clair de lune, continuer à rêver de clés jusqu’à devenir clavophile ou clavissophile ou mieux : rester dans l’amateurisme, modeler de toutes petites clés en mie de pain, des clés qui n’ouvrent rien, qui ne servent à rien, profiter juste de la légèreté du moment, de la bagatelle, de l’éphémère du geste et de la chose, puis perdre ses clés une bonne fois pour toute, trouer les portes, pousser les murs…