Presque au carrefour Esquirol. Un peu plus haut quand même mais pas tout à fait à l’autre carrefour, celui qui d’ailleurs n’existe plus mais où le Pépi racontait l’accident de son frère et ce retour vers sa propre jambe blessée. Mais un peu plus bas, c’est l’aventure du défilé à la façon des empereurs romains et l’écho de sa voix qui raconte encore en roulant les r d’empereur tous ceux qui sont venus ici se faire applaudir dans des véhicules décapotables et la versatilité de la foule acclamant le lendemain l’ennemi de l’acclamé de la veille. Et il en était, bien sûr, à chaque fois, le Pépi ! Alors, je préfère laisser monter mes yeux vers le haut de la façade du musée, de ce rose un peu grisé qui vient en beau contraste à la rencontre du ciel de novembre, tout particulièrement de novembre, mais ça marche avec d’autres mois aussi. Le ciel est alors profond, tant la brique est légère et c’est peut-être cela qui invite les papillons, ces papillons voletant contre la façade, s’offrant en contraste de ciel pour les gens tout en bas, des papillons avec un petit mot inscrit sur chacun d’eux.
Ou alors à l’écart de la grande rue droite, pour laisser revenir les voix des professeurs qui parlaient de Voltaire. Mais malgré les pages louches du gros livre biographique lu aux derniers mois de lycée, impossible d’imaginer une rue plus grise, plus pavée, plus pisseuse pour se rappeler Voltaire. Il y a toujours du brouillard par là, d’où émergent les pendus de provenance inconnue. De loin, bien sûr qu’on peut croire à des crucifiés. De près, la porte qui donne sur la rue est insignifiante, on ne saurait dire son temps. La rumeur pousse donc de telles portes dans les villes sans palais ! Elle donne le change en peinture vert pâle et en blanc crémeux puis fuse sur le pavé humide de salive aussi.
Il faut de l’ombre. Il faut l’ombre d’une cour de briques et de pierres. La Ménine serait plutôt allée aux Antiques, tout près de la grande basilique, sous la protection des tilleuls. Allons quand même dans la cour aux effigies de pastel. Il y a là de quoi se faire revenir Bologne au coin de l’œil et nel blu dipinto di blu mais façon pastel quand même. Il y a là de quoi penser à l’Amérique, à tout le rouge qui y a coulé, à tout le bleu qu’on y a produit. Ne pas renoncer à y aller ? Mais s’accrocher aux basques d’un petit pauvre, d’un petit voyageur malgré lui malgré sa mère, d’un petit immigrant. Et chantera que chantera…
Très, très joli texte, bravo, impressionnant.
« La rumeur pousse donc de telles portes dans les villes sans palais ! » et aussi l’ombre et la cour, il faut de l’ombre… Merci pour ce texte tout en touches de couleurs de nuances et de passés
Belelr encontre avec Pépi grâce à vous. Merci