Il faut que cela se passe à l’arrière d’une salle de réunion pour Pelle. Dans l’écho encore des bruissements de conversation. Celles contre lesquelles il s’est élevé, quand ça s’est mis à parler de littérature avec un grand E comme édition. Maintenant, il faut faire flamber cette colère avec de l’écriture vive. Et puis celles dans lesquelles il a essayé d’instiller sa séduisante vision avec un petit c. Maintenant, à partir de là, il faut écrire heureux, en écrivant caché.
Enfoncé dans un fauteuil trop ramolli pour rester dans les salles officielles, c’est bien comme ça, comme dans la carlingue, pas celle de Saint-Ex, plutôt celle de Mermoz le diseur discret. L’ordinateur portable sur les genoux, il faut bien faire tremplin des échos actuels du monde et des traces de son histoire. Mais sur l’accoudoir large, la BD qui fait tablette -n’importe laquelle, ça ne se choisit pas une BD, il ne faut lire que celles qu’on vous donne, c’est ainsi que procède Pelle- et sur ce socle, le verso du jour. Le recto, il n’a pas choisi non plus, une lettre de banque, un truc qu’il a fallu imprimer et qui tenait sur une seule page. C’est au verso que s’écrit le bout de récit du jour. En compagnie de l’écho du bruissement des conversations hostiles et du tremplin des silences prometteurs. Avec la prime d’inspiration des photos reléguées sur les murs de cette arrière-salle. Quand il voyageait en train, adolescent, Pelle, et qu’il ne regardait que le paysage à la fenêtre, pas les photos du compartiment, comment aurait-il pu se douter que le paysage était finalement trop riche pour faire tremplin à l’écriture, qu’il valait mieux la pauvre trace d’une vieille photo de compagnie ferroviaire périmée…
Merci pour cette scène. On y est parfaitement tant c’est donné à voir. Le corps lisant y est dans le trop mou du fauteuil et l’ordi posé mais oui sur BD quelle bonne idée…