La lanière qui claque, s'enfonce et glisse, le picotement et la brûlure, la lueur jaune, incandescente, rouge puis jaune et la fonte enfin, du corps et des entrailles au beau milieu d'un seau, un seau plein d'un métal crémeux comme du miel.
Espace entre haut et bas, entre air et peau, entre passé et présent, entre identité et univers, entre pensée et mot, entre mot et corps. Invisible pourtant parfaitement délimité qui ne se dessine que par son entour. Espace empreinte, espace trace, n’apparaît jamais, s’esquisse en négatif. Espace d’émergence et de dissolution. Espace temps, espace sensation dont les limites courent l’air et la matière, telles l’encre sympathique sous l’effet du feu. Puis s’estompent. Surfaces aux teintes inconnues, zébrées de rouge, de jaune, de bleu, de vert, nuages d’éclairs, orage magnétique dans le fond de la forge. Corps qui mollit, s’affaisse, se dilate, se liquéfie, se démembre, rejoint le sol et s’y enfonce. La terre battue, dans le fond de la forge boit le corps miel et eau. Puis le silence : et la peau et le ciel reprennent leur couleur et le monde sa forme. Un corps neuf et nu sort du four, se démoule et tombe mollement, mat, coupant, fragile, tout noir de la cuisson récente, sillonné ça et là de veinules argentées.
Si beau… Le feu et l’eau. Et ce demi-vers d’Apollinaire que j’aime tant.
Alors c’est que ça joue un peu ou que du moins le lecteur est joueur, merci Vincent !
C’est quand même éblouissant ce qu’une proposition peut suggérer d’imagination superbe ! Que c’est beau.
Oh l’auteur du Fernand, merci Bernard. Toujours toujours cette envie d’aller loin et d’ouvrir des espaces bizarres, mais toujours toujours la frustration de manquer de temps. Tant que j’y pense et très intuitivement : allez parcourir en diagonale Pierre Pelot si ce n’est fait… Le gros bouquin étrange : C’ est ainsi que les hommes vivent.
c’est une résurrection n’est ce pas ? une mutation, une transformation alchimique…
me reste les images du miel et du feu
Je ne sais pas. J’ai pensé à l’orgasme, à Sainte Thérèse d’Avila, aux flagellants, à des rituels de purification… et ça a donné ça… Un corps qui se dissout et ressort tout neuf.
Très beau cet espace qui laisse place au corps, à l’être qui surgit – Métamorphoses.
Merci Clarence de ton passage en ces lieux tantôt spongieux, tantôt brûlants 🙂