Voilà tous les bleus rencontrés, observés, adulés, classés par ordre alphabétique, des nuances se sont échappées, celles que tout le monde ne peut voir, le bleu regarde l’infini. Ainsi il y a le bleu acier, le bleu aigue-marine, le bleu azur brume, le bleu azur, le bleu azur clair, le bleu azurin, le bleu clair, le bleu ardoise, le bleu barbeau, le bleu bleuet, le bleu bondi, le bleu céleste, le bleu céruléen, le bleu charrette, le bleu ciel, le bleu cobalt, le bleu cyan, le bleu de Berlin, le bleu de France, le bleu de minuit, le bleu de Prusse, le bleu denim, le bleu égyptien, le bleu électrique, le bleu guède, le bleu horizon, le bleu indigo, le bleu Klein, le bleu majorelle, le bleu marine, le bleu maya, le bleu minéral, le bleu nuit, le bleu outremer, le bleu paon, le bleu pastel, le bleu persan, le bleu pétrole, le bleu roi, le bleu saphir, le bleu sarcelle, le bleu smalt, le bleu tiffany, le bleu turquin.
Tout mon espace-temps en regorge
rêver d’une lampe magique qui projetterait tous les bleus sur un grand mur de pierres qui sauraient les transformer encore, les multiplier — tordre le cou à sa réputation de couleur froide — affirmer que sa chaleur est grande et que c’est une couleur de lumière — voyager dès l’origine sur des rayons cosmiques bleu-cobalt, réunir deux corps dans des draps bleu ardoise et amérrir sur un étang bleu saphir — rapporter diverses situations, humeurs, ambiances, dans lesquelles leur présence était décisive — se noyer dès l’approche d’un regard bleu outremer — se tenir debout face à la mer bleue, tête levée, contempler le ciel bleu azur, oublier ses limites — marcher au bord de l’étang, déguster des huitres aux reflets bleutés, savourer des fromages bleus —se souvenir du dernier passage au restaurant iconique de la Gare de Lyon, le Train Bleu — voyager dans le temps et les civilisations, découvrir le bleu maya, le bleu de Prusse, le bleu persan, le bleu égyptien — voyager en rêve dans le train bleu entre Calais et Nice — songer dans le bleu de Berlin et le bleu de France — retrouver les escapades de son enfance sur le vélo bleu turquin — se souvenir de la marche en pays bleu, du panorama cévenol qui se décline en lignes parallèles sinueuses et bleutées, du sentiment océanique, de la fermeture des yeux, des visions indicibles, du survol au-dessus des montagnes bleues, du rideau de lamelles nuageuses qui se replient et découvrent un ciel d’un bleu céleste — délirer et se rouler nue dans le bleu klein et réaliser son anthropométrie — plonger dans la contemplation du bleu de Giotto entre bleu cobalt et outremer — tenter de définir ce pouvoir de fascination — rechercher les résonances — deviner la présence-absence du bleu, ressentir le corps devenir bleu mais d’un bleu invisible — se confondre avec le ciel ou la mer — prendre un remontant, un verre de Moscato tiré de la bouteille bleue ou un verre bleu turquoise de Vindigo d’Espagne, puis faire la sieste sous un parasol bleu en oubliant les bleus de l’âme —ne jamais mettre les bleus en cage, ils s’en échapperaient — regarder le ciel bien bleu ce matin, l’effet de Rayleigh opère à plein — se laisser immerger le soir dans l’heure bleue, son instant fuyant sombrant dans un gris-ardoise bleuté, un entre-deux avant la nuit — ressentir que l’amour et le rêve sont bleus, — mesurer la discrétion du bleu bien que très présent, avoir pleine conscience de son pouvoir — rechercher les croisements et choisir une direction ou pas, la grande bleue ou le grand bleu, s’installer un temps à Gibraltar où la mer et l’océan se croisent — savoir que ton regard intérieur est bleu — se préparer, le bleu sera là quand tu mourras, changer de couleur et devenir de plus en plus bleu.— mourir en regardant le ciel pur, un bleu d’azur — — prononcer son dernier mot BLEU — aimer les bleus parce qu’ils réconcilient la vie et la mort —poser ces mots avec une encre bleu nuit, se reposer sur elle, en elle.
Tant de bleus, plein que je ne connais pas ou que j’ai oubliés…
Une vraie navigation que tu proposes là entre l’outremer et le céruléen, avec aussi les goûts, les immersions, l’étendue océanique…
J’ai voyagé, j’ai plongé avec toi dans le bleu…
Merci de ce retour et de l’immersion partagée
Le bleu! Le bleu! Le bleu! Ma couleur préférée, (avec d’autres, j’aime les couleurs) et comme tu le dis dans ta présentation, reste sur la barque!
Tu as raison, pourquoi le bleu serait-il une couleur froide? (C’est marrant: je suis en ce moment sur la Loire, sur une île de Nantes et cet après-midi je suis allée faire des photos… De façades de maisons… Uniquement bleues.)
Bleu-vert, bleu profond, bleu vieilli ou bleu tendre…bleu, bleu, bleu.
J’aimerais bien voir tes photos, tes façades bleues.
Merci pour ta lecture
C’est un peu compliqué… Ce sont des photos plein-cadre bleu pour une couleur que l’on veut mettre sur une porte à glissière dans un appartement!
Mes bleus préférés; le bleu-vert-lavé sur un lac, et le bleu outremer, et un vieux bleu tendre…
Si tu me donnes ton mail, je t’enverrai des vraies photos de façades bleues un peu plus tard..
C’est somptueux… tout un voyage en territoire de sensations… une foule de réminiscences aussi !
Merci Françoise pour ce grand mot ! et ce que tu as ressenti à la lecture de ce petit texte qui essaie de traduire le voyage que je ne cesse d’accomplir.
J’aime beaucoup. L’inventaire des « couleur bleu », déjà un monde de sensations et puis après, votre relation, singulière, en partage. Un beau texte.
Merci beaucoup Louise de votre lecture.
le bleu égyptien : Volupté !!!
Une idée pour la suite !
Merci de votre lecture
Vivifiant tous ces bleus !
et en négatif je pense aux bleus à l’âme, aux bleus des coups, au sang bleu…
Riche lecture. Merci
Merci Cécile de ce retour.
« le bleu sera là quand tu mourras », merci pour ces mots-là. à vous lire, je suis chez moi. oui. Bleu est un mot intense, violent même, peur bleue, steak bien bleu, Barbe Bleue… on est immergé dans le texte, emporté, bercé.
La liste est infinie.
Merci pour votre lecture Bizaz
Quel beau voyage en pays bleu, Huguette, merci ! Je vois bleu, j’entends bleu, je sens bleu, je goûte bleu, je touche bleu. Mes sens se mélangent : « La Terre est bleu comme une orange », écrivait Paul Eluard. Je vous renvoie vers le livre de Nicolas Charlet qui s’intitule tout simplement « BLEU » et qui fourmillent de citations autour de cette couleur qui fait couler tant d’encre…
Et un dernier pour la route : « Les Fleurs bleues », de Queneau.
Merci Zoé de votre lecture et de vos références, je ne connais pas le livre de Charlet, je viens d’en découvrir un autre, « L’éloge du bleu » de Zéno Bianu.
Le bleu est infini!
Un bain de douceurs dans l’infini bleu. « Se confondre avec le ciel ou la mer ». Merci Huguette
Merci Marie de cet écho