Moelle réponds qu’en elle il n’y a rien de ce genre, il n’y a rien. Mais si je lui pose la même question tous les jours toute la nuit elle finiras par soupirer et prenant une grande inspiration elle dégoisera des glossolalies d’une voix lointaine pendant des heures en se balançant sur une chaise dans la cuisine. J’attendrais en écoutant attentivement.Lorsque je cesserais pour une raison ou pour une autre de faire attention à elle, des structures un peu plus claires, moins musicales apparaitront où je distingue à présent des plaintes: elle aurait à porter le poids de certains…oiseaux ? Juges ? ( j’entends mal ) sur ses épaules.Si lourds qu’elle ne pourrait bouger les mains pour écrire que par à coup, prise par des élans qui la jette sur n’importe quel support n’importe où et en grande urgence, de peur d’être interrompue. A chaque fois dit elle c’est perdre un morceau de Moelle, je commence, ça commence, je suis interrompue. A la fin ( quelle fin ) il ne restera plus rien, mieux vaut se paralyser tout de suite.
– Endure, lui répondrais-je, sans toi on ne respire pas, ce fameux »réel », tu sais. Endure encore.
-Pourquoi ? geindra-t-elle ( ou feras comme si )
-C’est ta nature.
-Et si j’expire ?
-Impossible. Tu es la M des os, je pourrais ou j’aurais pu te réduire en poudre et te délayer avec du sang pour dessiner des Bisons Réels sur les réelles parois des grottes de Lascaux ou bien frapper la forme de tes mains rouges en Sulawesi ou effleurer sur Papyrus le ciel la Lune et tout ce qui s’en suit.Ou non. Ne resterait alors qu’un grand galop aux odeurs de fauves.