Entre nous /soi- toi
- Où l’on verra comment je suis devenue poétesse
Toi la poétesse, cette partie de moi depuis toujours et bien avant le verbe, éprise de liberté et d’amour, comment contempler assez tes pensées, les ordonner et les assembler, ou plutôt les laisser venir comme les sons d’une partition aux modalités infinies. Dire, c’est avoir vécu et s’en souvenir pour s’en délivrer quand la musique des mots vibre et chatouille nos lèvres, que notre cœur s’empare et se pare de notre plus belle plume… Baignol & Fargeon la plume à baïonnette pour nos poèmes poignants, la Sergent Major pour les consignes à contourner, et la Pinocchio pour nos mensonges. Mais allez savoir, mensonges ou vérités ? Tout dépend de la bouche qui raconte et de l’oreille qui écoute.
2. Où l’on trouvera la réponse à la question cruciale « être poète à quoi ça sert »
Dis-moi quelle curieuse question : être poète ça sert à quoi ? c’est un peu comme se demander la vie ça sert à quoi ? Ben ça sert à vivre. Oui bien-sûr ça pourrait paraître simpliste mais qui vit simplement ou plutôt simplement vit ? poète ou pas poète, pouet pouet, c’est un jeu d’enfant, celui qui vit en soi et halte à la censure. Poète ça ne sert pas à gagner sa vie, ça sert la vie qui gagne. C’est le ticket gagnant, il permet à la beauté visible de toucher l’invisible en nous, le pétale de rose, déposé en notre lieu, tapissant notre mémoire de son parfum acidulé et à jamais vivant. Être poète ça sert à quoi, non, décidément, la servilité n’est pas ton genre.
3. Où l’on verra que la vie de poète est semée d’embuches et pas de tout repos
Paradoxe de la vie de poète, cette part de toi en nous, s’autorise, des sorties de routes à la fois préméditées et totalement libres, pour emprunter des chemins jamais parcourus. Quels écueils t’entraîneront dans ce traquenard poétique, et tu seras prêt à devenir cette poésie-là parce que la poésie est l’embardée même de ce qui chez toi chevauche le monde de l’inconscient à bride abattue. Qui cherche le repos ? Ni toi ni moi. Quelques respirations tout au plus pour transfigurer nos maux.
4. Où l’on te verra te tirer de deux mauvais pas
A petits pas tu navigues à vue, quoique la prudence soit ton garde-fou. Aller quelque part est une forme d’infini, il ne nous appartient pas de le définir, ça favorise la démarche lente et concentrée car le chemin est le secret, parvenir, contrevenir, survenir, laisser l’événement arriver en soi, en toi. Mauvais ou bon c’est celui que nous appelons sans le dire, tapis aux confins de nous, il émerge fier de son apparition, accueillons-le, puisqu’il nous parle encore de nous, lavons nos yeux pour s’y rafraîchir.
5. Toi et moi et la difficile question du réel
Toi et moi lequel de nous deux est réel ? Est-ce le narrateur qui crée l’auteur ou l’inverse ? Comment dessiller ton regard sans mes mains pour découdre tes paupières ? Comment délier mes membres sans un accord, une sorte de contrat de fidélité à nos extravagances ? Je me sens bien avec tes portées musicales, je peux y découvrir de vieilles comptines, elles me promettent la réalité de nos rêves, n’y mêlons pas maintenant une sorte de vérité inintéressante et tyrannique. Ensemble se passant la plume à tour de rôle nous pouvons inviter des univers de mots, de silences, embusqués sur notre chemin. Réellement imaginaire, un jeu de mots. Jouons !
Quelle jolie présentation, j’adore ! Je te trouve bien installée, au bon endroit au vu ce que tu y écris. Cela me réjouit. Drôle de se retrouver à la suite l’une de l’autre… « prêt à devenir cette poésie-là parce que la poésie est l’embardée même de ce qui chez toi chevauche le monde de l’inconscient à bride abattue » C’est beau… « Comment dessiller ton regard sans mes mains pour découdre tes paupières ? » Ce mélange dans la phrase des deux personnages, beau aussi. Merci, Raymonde.