transversales #02-5 | d’autres encore

dans le poste il y avait cette chanson qu’interprétait pour Corinne (dite Cléo) Marchand quelqu’un (je retrouverai) intitulée “Sans toi” reprise lors d’un festival de Cannes (cinéma) par une Angèle (Van Laeken, elle est de 95) en robe blanche sans la moindre voix (on s’en fout à peine) – toujours eu le sentiment que Cléo attendait de savoir si elle était enceinte (comme le monde est fait) (plutôt un diagnostic oncologique) (le crabe) vers la fin (ça se termine à la Salpêtrière, là où TNPPI s’en est allée) le médecin arrive et s’en va en décapotable – il délivre son message et met les gaz –
(au cinéma parfois on voit sur l’écran quatre cœurs de couleurs et un « BONNE PROJECTION » inscrit là comme un souhait) – Cléo debout figée s’éloigne à grande vitesse de la caméra qui se trouve dans la voiture

il y a une ombre, un fantôme, une goule, quelque chose qu’on cache – même si on cherche à (se) la cacher, elle réapparaît – c’est là et ça ne partira jamais –

ici le pont au Change, au fond le Neuf – « quand le vent hurle au loup dessous le pont au Change » chante sur les mots d’Aragon Jean Ferrat) – la chanson est titrée Robert le Diable et parle de Robert Desnos – le poème c’est « Complainte de Robert le Diable« ) – ce disque doré, sur la pochette on voyait le visage du chanteur, écouté longtemps dans les années soixante-dix sur les moments de cette espèce de compréhension qui m’est arrivée avec la vérité sur mon propre corps – de mon propre passé et de ma propre présence, ici, hasardeuse – sur la gauche, la Conciergerie qui était alors une espèce de prison (les années soixante et les souvenirs de TNPPI – vingt quatre heures enfermée là pour n’avoir pas payé ses impôts, dit la légende – nous autres les enfants nous étions dans le froid du nord, nous ne savions pas ce qui se tramait – il semble que mon père se soit occupé de la faire libérer – probablement en réunissant le nécessaire pour régler la dette, je suppose)

celui qui dort là, qu’on ne voit pas vraiment, qu’on laissera mourir, celui-là, là

ce n’est qu’un humain qui sur un carton dort – en face de l’autre côté du trottoir, un bâtiment organisé par une architecte de renom à plusieurs dizaines millions d’euros – ça n’a pas non plus d’importance – Paris ma ville : au fond de la perspective, par là bas vers l’est, sur la colonne Bastille (trois glorieuses) en son faîte un génie d’or ailé comme Venise, son lion et les milliards de diamants de la lagune

« il suffit de passer le pont, c’est tout de suite l’aventure” disait (chantait) le poète) –

gauche cadre les immeubles où à un moment de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle vivait Charles B. – deux siècles plus tard, ma tante : « tu ne peux pas imaginer » me disait-elle parfois, elle cousait, se faisait un tailleur sur le patron qu’elle avait coupé suivant les inspirations qu’elle avait été glaner sur le faubourg, aux vitrines quelque part par là (rive droite) (ainsi que son frère aîné et sa sœur cadette, elle avait fait le voyage de Bucarest, pour se rajeunir) – la croisière d’Istanbul à Odessa, c’était une autre fois, avant-guerre, que son père l’avait faite (je crois qu’elle venait de naître, début vingt – elle avait quatre ans) – là-bas se fomente aujourd’hui la guerre

– je crois qu’il travaillait avec la Tchécoslovaquie (ça n’existe plus) en important des machines agricoles (il a disparu en mars soixante-huit, il vivait à la fin à l’étage supérieur du duplex que louait son fils sur la place – je me souviens comme d’hier du plan de cet appartement – immense comme sa fortune – l’aspect de ces choses vues d’ici dans le temps perd de son charme : alors, à ce moment-là, ainsi paraissait-elle aux enfants (moi sans doute surtout, je suppose) (c’est de ce genre de choses dont avec mon frère nous parlions au Paris-Rome de temps à autre) – je crois en beaucoup de choses fausses

j’ai appris avant hier que le consul de France à Los Angelès d’alors (le même Gary) avait porté un jugement définitif (indiscutable on dit aujourd’hui) (ou incontestable) sur un de ces films qu’il fallait alors interdire – la censure ? mais quelle censure ? quelque chose dans ce genre – bizarre le titre du film s’est échappé (il a fait office de secrétaire d’état auprès ministre de la communication si j’ai compris d’un certain Gorse – à condition de lever l’interdiction de diffusion posée par Yvonne (de G.) sur le film “Suzanne Simonin, La Religieuse” (Jacques Rivette, 1967) –

rue du Bac, le deux décembre de cette année-là (il avait 66 ans) (aka Roman Kacew peut-être) , il s’est tiré une balle de revolver dans la bouche : la vieillesse est un naufrage disait-il parfois

le 30 août de l’année précédente (c’est sans rapport dira-t-il sur le mot qu’il laissera) on retrouvait son ex-épouse (Jean Dorothy Seberg) morte dans sa propre voiture et le seize (zeugme) une renault me dit-on (il me semble qu’elle était blanche comme celle qu’on n’a jamais réussi à retrouver qui passait en même temps que l’ex-princesse avec son amour milliardaire dans un sous-terrain parisien perdait la vie) – cette histoire de voiture, la quatre L rouge garée dans la petite rue, entre celle des Boutiques Obscures (au 5, siège du parti communiste d’alors là-bas)

et la piazza del Gesù (au 46, le siège de la Démocratie dite chrétienne) – un neuf mai – le coffre est fermé, on y avait entassé le corps d’Aldo, un peu plus tôt dans la matinée Mario lui avait demandé de s’allonger pour le cacher, dans ce coffre (ils étaient dans le garage, six heures du matin), il le couvrit d’une couverture et l’assassina de deux ou trois balles de revolver – souvent j’ai pensé qu’il aurait bien mieux fait de s’abstenir de suivre ce que lui indiquait cette discipline imbécile qui le tenait sur une espèce d’honneur, quand bien même la plupart des brigadistes (la plupart d’ailleurs emprisonné.es) eurent opté pour la mort du président –
drames assassinats tragédies erreurs –

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Capture-decran-de-2022-02-10-13-39-58-1.png.

certainement une autre image (merci pour le titre) (je l’ai compressé) (la voilà, par exemple) d’elle (ici avec PPP en taxi sur la lagune, ils vont au lido) plus celle où elle assène une gifle à un soldat allemand (Rome ville ouverte (RR, 1945) – la révolte ou la résistance : dans quelques minutes du film, elle courra derrière un camion qui emporte son amour, et sous les balles (la liberté ou la mort) – la revoir, elle, c’est d’elle dont on ne fait que parler, assise sur son petit fauteuil qui venait de chez eux, là-bas, de l’autre côté de la mer, bois et paille, jambes un peu écartées, coudes aux genoux visage dans les mains perdue désespérée en pleurs – à un autre moment dehors il fait moins dix, des congères fruits des caniveaux, un mètre de haut – sur le lit mon père en silence hurle ses coliques néphrétiques – dans la rue et la nuit j’attends la venue du médecin – sans doute ce soir-là va-t-il arriver ce médecin, mais lui, je ne l’ai pas vu mourir

ça m'a l'air de prendre l'allure du journal, avec des thèmes particuliers sans doute (la famille, la limite de l'Europe et de l'Asie, les voyages, le cinéma de cinq à sept - les fins de vie brutales - les gens ou les lieux qu'on reconnaît en les voyant en photo - l'actualité - apporter plus d'images encore, les changer, interchanger la disposition des paragraphes pour arriver où ?) (transverses) - une espèce de fuite en avant, pour aller chanter, parce que, ici, tout finit par des chansons (alors que lui, (ou elle, le reprenant - ou l'inverse) concluait parfois quelque histoire racontée par elle (ou elle par lui) "tout ça ne vaut pas la musique arabe" - vient ici l'image de sa mère à elle dont il disait, lui seulement, M. sourit et cache derrière sa main son sourire, tandis qu'il sourit aussi lui disant "tout ça c'est la faute à M." - les chansons, comme les proverbes, comme leurs adaptations à la situation, ou encore les surnoms... en tout cas, c'est de plus en plus long...  

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end