Où rien ne dit que Rigobertson n’existe pas
Rien—rigole—rigobe—rigober. Les correcteurs automatiques de l’écriture invente des mots. Rigober n’a été trouvé nulle part dans le TLF. Aucun mot apparenté n’a été trouvé. Revisiter, est-ce écrire ? Je ne triche pas : c’est imprimé dans un livre publié après une année de confinement. Je suis né en 1952, un 12 août, le jour où, à Moscou, treize intellectuels communistes yiddish, membres du comité juif antifasciste, sont fusillés sur ordre de Beria dans une prison de la Loubianka. Si j’en crois celui qui me connaît le mieux pour m’avoir sorti de l’ombre, je m’appelle Rigobertson, John Rigobertson. Je suis ornithologue. Je ne sais rien de mes origines islandaises. Mes deux passions : les oiseaux de l’Antarctique sur lesquels j’ai longtemps travaillé et les littératures policières qui m’ont toujours accompagné, y compris dans mes plus froides missions d’observation en Terre Adélie. Et copier-coller sa propre écriture, est-ce paresse ou sincérité ?
Où le choix de scripturer dit quelque chose d’un refus obstiné d’écrire de la main droite
Deux écritures étaient au départ : celle que spontanément faisait ma main gauche, libre, et celle que des coups de règle en bois voulaient imposer à ma main droite qui toujours refusa d’obéir, de se plier à la règle. Ce non-pliement prend fin au contact du premier clavier, celui d’une machine à écrire, celle de ma grand-mère maternelle, la Hermès Baby, modèle Rocket avec sa coque vert-tilleul et sa poignée rétractable. Les claviers des ordis feront le reste et le fumeur qui écrit abandonne la souris à la main droite qui ne tiendra jamais de fourchette, ni de stylographe. Non sens des choix binaires qui contrarièrent longtemps les sinistres de la main. Si l’écriture est une, elle n’en est pas moins plurielle avec sa part de scriptures, cette part qui doit tant à l’hémisphère droit qui tient la main gauche.
Où il s’affirme sans mentir que le mensonge est une réalité dont les griffes sont susceptibles de saisir le réel
Conjuration est un mot attirant. Complot tout autant. Ils ont la force indomptable d’un aimant permanent. De là à imaginer que la rareté des terres nécessaires à la fabrication des aimants justifie la guerre ?
Remonter en soi ou descendre en lui
You’ve reached your usage limit. L’intelligence artificielle ne veut plus jouer avec moi gratuitement. Nous n’irons donc pas plus loin et je garde mon argent quand l’analyste me demande combien il y a dans ma poche. Au moment où je voulais écrire quelque chose à propos de Lacan, le correcteur orthographique a jugé bon d’écrire à ma place le mot « laçant ». Là encore, nous n’irons pas plus loin, ni sur Lacan, ni sur la main gauche.
Où il est incontestable qu’en amour comme dans toutes les choses de la vie ce qui compte ce ne sont pas les lettres que l’on a pu écrire mais les gestes et les actes accomplis
La vie ou les mots ? Dieu que nous sommes loin des moments sans point d’interrogation. La liberté ou la mort, ils criaient. Qu’avais-je besoin d’inventer un personnage jacobin, historien dix-huitiémiste, victime d’un meurtrier imbécile dés les premières pages du roman ? Le lecteur a-t-il vraiment besoin de savoir si il y a un gaucher parmi les personnages ?
Rien de ce qui précède n’aurait été écrit sans la lecture des passionnantes notes de Félix Giloux alias Pim Enveert sur le caractère amovible du bras de Lacan. https://www.courte-line.net/2021/12/13/du-caractere-amovible-du-bras-de-lacan/
bravo pour le courage de t’être risqué là ! je savais (mais très obscurément) qu’il y avait à y pêcher…
Faut rien exagérer
(Rigober) : un mot qui fait gamberger (la Hermès Baby, modèle Rocket avec sa coque vert-tilleul et sa poignée rétractable): un objet qui fait rêver aux accessoires des poupées qui faisaient rêver .(De là à imaginer que la rareté des terres nécessaires à la fabrication des aimants justifie la guerre ?) -et quand là ici ça s’aggrave faut-il appeler Lacan (You’ve reached your usage limit.-) je me conforte le matin dans l’idée que non même si en relisant c’est laçant ( la vie ou les mots ) le chat ou le Rembrandt ? (Le lecteur a-t-il vraiment besoin de savoir si il y a un gaucher parmi les personnages ?)gaucher contrarié ou gaucher par accident que c’est beau le concerto pour la main gauche… Merci Ugo Là quand ouvre plein de belles cases …)
Grand merci Nathalie Holt pour votre passage attentif, pour Ravel, pour le chat sauvé.
je me disais « la fabrication des aimants » – attirent-ils les a(i)mantes (j’ai toujours (dès que je l’ai vu) aimé ce Goldfinger (l’homme aux doigts d’or qui, sur le (et grâce au) clavier transforme les mots en or) (Hermès, oui) toujours, où le héros qui n’est pas celui du titre dit à son caddy qui est un homme en casquetté et assez âgé (zérozérosept porte un chapeau noir, incliné, coquin) « on va s’amuser avec ce monsieur Goldfinger » – plus tard il rencontre une blonde prénommée Pussy) (séduire dit-il) (il paraît que le comédien (brun, écossais, qui (à un autre moment) voulut être roi, le devint, en mourut) avait refusé le rôle) (quelque chose avec le cinéma) (merci pour ces traits d’union)
Merci Piero. Il ne faut jamais oublier que 007 a aimé une insulaire au tout début de sa vie d’agent secret.
ouf ouille bravo
J’adore ton comment taire. Merci Brigitte.Ouf, ouille me rassure un peu. Je craignais ‘GRRRR, Aïe Aïl, pffffff, boooffffff et pire encore. Merci, merci Brigitte Célérier.