Fragments d’une lettre à sa mère
…………… Oh ! Madame ma mère. My intouchable Altesse. Comment dans votre cercle Oh combien fermé Oh combien tiédi à l’ombre de votre cher mari avez-vous pu oublier votre fils chéri ? Sur des chemins faisandés, vous m’avez offert un nid où j’ai pu crié ma haine, où j’ai exulté ma rage. Insoumission souveraine. Oh votre ordre ma mère. Combien de fois me suis-je enfui loin de vous ma chère mère ? Quelles joies contraintes m’avez-vous jadis enseignées ? Je vous aimais si âprement, si douloureusement que j’en perdais la raison. Loin de vous pour les maudites beautés avec qui j’ai marché en aveugle. Sur une corde saupoudrée d’étoiles où danser, immergé dans le scintillement de couleurs inouies, de vibrations odorantes, d’aurores musicales, j’ai respiré une ère nouvelle, une promesse infinie de joies explosives. Oh ma mère, quels somptueux voyages. Quels Eveils Rouges Violets Verts Bleus loin de vous. A la crête des cimes, IndOmptable, amoureux de vous tout autant qu’ennemi. De vous. Je suis nu, affreusement fébrile, malade superbement. Je vous appelle ma mère, je vous supplie, je festonne pour vous un mort à votre mesure. Rigide enfin. Viendrez-vous ?
Fragments d’une lettre à sa sœur
Chère sœur,
Je viens d’écrire un mot à la mother et déjà je le regrette. Je lui demande de venir me voir. Cette rencontre illisible . J’espère, si elle se décide à me rendre visite, que je serai sur un bateau en partance pour l’Afrique. Dérobade ? Mais non. Survie. Oui, je suis décidé à poursuivre dans cette voie où je me trouve et d’y réussir un joli coup de maître. Pourriez-vous mettre la main sur mes manuscrits (chez V. pour certains, d’autres chez l’aubergiste) et les détruire ? Ces élucubrations sont d’un jeune homme que je ne connais plus. Je vous en saurais gré. Il fait une chaleur harassante ici et je manque d’appétit bien que les repas soient adaptés à ce que mon ventre accepte. Je partage ma chambre avec un singe. Il apostrophe tout un chacun en jurant après Dieu ou sermonne en prétendant détenir la vérité sur toutes choses. Je travaille à m’en faire un ami et deviens son ouistiti à mes heures. Ma chère sœur, allez-vous prier pour moi ?
Fragments d’une lettre à l’empereur d’ Ethiopie
…………… pour vous rejoindre, durant une cinquantaine de jours, j’ai traversé à cheval des déserts brûlants, sans eau ni nourriture. Et j’ai appris l’arabe, l’amharina, l’oromo pour mieux déjà vous servir lorsque vous étiez Roi. Sa Majesté sait que nous sommes soudés l’un à l’autre. Parfums et peaux de bêtes ont circulé sans encombre grâce à mon assiduité, mon sérieux dans la conduite des affaires. Sa Majesté peut-elle admettre que mon délire n’est dû qu’à ma souffrance d’être séparé d’elle ? Je suis sur la voie de la guérison et me tiens prêt à embarquer dès que possible pour Le Harar. Et quoi ? Ne suis-je pas un bon et loyal négociant ? N’ai-je pas pour vous plaire et vous porter jusqu’à l’Empire, soudoyer des tribus, traiter avec des sauvages afin de vous livrer à mes risques et périls plus de 2000 fusils ? La fièvre est tombée et je prépare avec minutie le voyage du retour. Quel remède à ce désastre en vue si je ne puis fouler à nouveau ce sol où ne pousse qu’aridité ? il est certain que ma crainte (et ma peine) de ne pouvoir retrouver mon domestique Djami Wadaï est l’une des seules raisons à cette missive adressée à vous avec le plus grand respect. En effet, comment vous honorer comme il se doit Majesté si cet enfant fait défaut ? Pourriez-vous à ce propos…***
Des myriades de parfums, de couleurs, d’étoiles, de promesses.
Des rivières, des fleuves, des champs en prières. De somptueux voyages et d’autres misérables.
Une ivresse, un infini, une folie, un rêve ébloui
qui se donne.
Or, ébène, ivoire, poussière majestueuse.
J’ignore d’où cette histoire vient ni où elle va, mais ces fragments épars respirent une ambiance fiévreuse et dense. Une plongée dans les fragments d’un tableau africain pleine d’étrangeté.
Merci Jean-Luc. Contente que quelque chose ait l’air de fonctionner.
Beaucoup aimé l’atmosphère également et l’idée des lettres. Merci.
Merci Clarence. Un essai, l’idée des lettres pour raconter 3 points de vue différents dans un même personnage.
Bonne idée je trouve ces fragments de lettres.
Une clé à suivre dans « Une ivresse, un infini, une folie, un rêve ébloui qui se donne «
Merci Huguette. Pas facile du tout le rêve ébloui. Comment l’attraper ?
Oh, ça fonctionne drôlement ! Merci pour cette étrangeté qui se dégage de ces fragments et, bien-sûr, de ce personnage déjà tellement fort !
Merci Helena. Si le personnage t’a paru fort, c’est encourageant.
Tout a été écrit plus haut. Et en plus de ces commentaires, la mise en page ! Merci.
Merci beaucoup Anne. Contente que l’atmosphère te plaise.