transversales #02-9 | ou bien

Ou

Il s’est souvenu de Mijanou Bardot, des petits autobus bleus à tarif unique, aussi du dentifrice « Email Diamant » avec son toréador chantant, aussi de quand il fut collé. Des fois, il aurait voulu disparaître derrière ses souvenirs mais d’autres fois il s’en inventait. A la lisière du visible, il fabriqua une drôle de machine à semer le doute.

*

Ou

Le bébé est arrivé. C’est un garçon, il est beau comme un cœur. D’heure en heure, il découvre son monde et se l’approprie. Son père note ses faits et gestes et semble découvrir à son tour ce que son fils lui montre. Le processus s’inverserait-il ?

Ou

Ils vivent à trois. Son père, le copain de son père (son camarade) et elle. Souvent, ils partent travailler et elle reste seule mais pas perdue du tout. Elle fait confiance à son papa qui sait ce qu’il fait et elle sait se débrouiller. Un jour pourtant, il ne rentre pas. Elle attend. Elle l’attend. Pour finir- ou pour commencer ?- elle part à sa recherche.

*

Ou

La mine est tout au fond de la terre. Elle est joliment trouée et tout de noir vêtue. Personne ne vient plus la visiter. Pourtant dans une de ses oreilles, un œil de verre est blotti. Il ne se plaint pas d’avoir été oublié par son contremaître. Il surveille.

Ou

La libellule mécanique survole la plage et le raffut qu’elle fait et le sable qu’elle soulève ne permet pas une baignade sereine et amusante et régénérante. Au choix. Le bonhomme qui la manœuvre, on le voit bien. Il a l’air de rire de bon cœur, sa tignasse aussi qui hoquette. Finis les jeux de plage. Le nez en l’air, les glaces des mioches à moitié fondues sur les doigts et même les orteils, on se regarde éberlués. Qu’est-ce qui veut l’animal ?

*

Ou

Le chasseur à l’affût. Chaque jour devant le même dessein. Il guette la sève, la ramure première, l’énergie salvatrice. Son regard papillonne, fouille, appointe le sentiment du même. Un instant, le chasseur mange la proie. La restitue, s’illumine avec elle. Repos.

Ou

Sous un soleil de plomb qui électrise les reliefs au point qu’ils en blanchissent, un homme marche sur la plage. Le corps jeune, musclé avance lourdement dans le sable, la sueur est sur son front. Maintenant, Il foule le restant des vagues d’un pas presque rapide pour rejoindre au plus vite une silhouette féminine qu’il devine au loin, qu’il espère.

Ou

Le chapeau à terre est totalement décontenancé. Il a perdu son étiquette et ne sait plus comment prendre soin de lui. Dans la ville, personne ne semble s’apercevoir de sa présence pourtant au beau milieu de la chaussée. Un comble pour un chapeau censé couvrir une tête, la mettant à l’abri de tout danger comme regard insistant, chaleur indélicate, oiseaux irrespectueux. Le chapeau a du chagrin.

Ou

Des myriades de parfums, de couleurs, d’étoiles, de promesses,

Des rivières, des fleuves, des champs en prières,

De somptueux voyages et d’autres misérables,

Une ivresse, un infini, une folie, un rêve ébloui

qui se donne,

Or, ébène, ivoire, poussière majestueuse.



Codicille : Beaucoup de mal à m'y mettre car je ne sais pas ce que je raconte quand je l'écris. Mais je tente de respecter de la consigne...Je ne sais si comprise.

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.

8 commentaires à propos de “transversales #02-9 | ou bien”

  1. J’ai beaucoup aimé vos « compressions ». Ce père qui ne rentre pas. Et l’histoire de ce chapeau malheureux ! C’est l’histoire du chapeau qui a perdu sa tête ?

    • Merci beaucoup Héléna.
      Le chapeau c’est dans « Retombées de sombrero » de Richard Brautigan. C’est l’histoire d’un chapeau tombé du ciel tout gelé. Il sème la panique dans la ville puis dans le pays tout entier/ Le père qui ne rentre pas, c’est dans « Ronce-Rose » de Eric Chevillard. La narratrice est cette petite fille qui part à la recherche de son père.
      A bientôt.

  2. j’aime ne pas savoir et entrer dans ces fragments d’histoires. Et croire reconnaitre et pas. Et imaginer … ( consigne ou pas ça marche drôlement bien)

  3. « Codicille : Beaucoup de mal à m’y mettre car je ne sais pas ce que je raconte quand je l’écris. Mais je tente de respecter de la consigne…Je ne sais si comprise. »…
    On vous fait lire en diagonale,c’est un truc qui rend vite fou ou folle… C’est comme faire rentrer ( sans prendre le temps de souffler) des boules d’anthracite dans une chaudière de locomotive. Je vous admire d’avoir trouvé chez Brautignan et Chevillard de quoi nourrir l’ogre-atelier… On tousse un peu, à cause de la fumée, mais on ressort les idées claires, ce train là, il ira où il voudra, mais on le ratera pour pouvoir discuter sur le quai, un livre à la main ( lequel ?) qu’on ouvrira ou pas… Quelqu’un.e arrive ! D’où ? C’est le début de la prochaine histoire… Une parmi mille et une… à la UNE…à la HUNE… le voyage doit continuer…

    • Et oui, on se pense perdu loin de nos bricolages puis on se prend au jeu d’autres bricolages et finalement la partie nous semble jouable. Merci de votre visite.