transversales #02 – compressions

c’est un gosse qui ne voulait pas déranger sa famille qui passe au-dessus d’un grillage, s’empale, l’indécence médiatique, une mère brisée

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déjà célèbre, mariée à un aviateur volage, une enfant, sa mère meurt, mari veut divorcer, goutte d’eau, du jour au lendemain elle disparaît, douze jours de rumeurs et de police tournée en ridicule (l’enfant savait tout, personne ne demande jamais rien aux gosses) finalement elle est retrouvée et sa vie reprend, la goutte d’eau n’était qu’un épisode trouble (plutôt rocambolesque)

pas de noms pour l’héroïne c’est donc nous je c’est nous, nous qui nous souvenons de ces curieux jours dans le sud de la France de ce gentleman au visage de cendre obsédé par son image, devient notre père notre mari notre tout et dans l’air flotte la présence oppressante de la première, de celle avant nous, et nous, dans tout ça, nous persistons à aimer jusqu’à l’embrasement

un homme qui traverse le temps entre deux songes elle devient une femme et c’est l’histoire plus que double qui tient comme un fragment d’humanité

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un soldat qui n’est jamais revenu de la guerre rencontre un (ex ?) junkie et ensemble ils forment une alliance qui résout l’inexplicable et le bizarre du monde

ébloui des lumières de la citadine il s’en va tuer sa femme qui s’enfuit hors de l’eau recroquevillée dans le tram jusqu’à la ville manque de mourir écrasée iels revivent leur mariage et en un jour, c’est comme une vie à deux qui s’écoule chacun·e retombe dans leur amour

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la boule d’or va au Diable, c’est son père qui l’envoie sur un vélo trempé rencontrer l’ange agenre qui le conduit dans son destin écrit sur du papier bible détrempé dans les marais de son enfance

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yeux de biche l’air Alien blondeur frisée en miniature style échelle 1/12 | son visage comme de la pierre moulée qui s’effrite côté gauche
les visages contemporains se cherchent dans un temps autre, iels font bien des détours pour reconnaître l’évidence d’une union attendue

une extrême violence cachée sous beaucoup de douceur perverse, sous plusieurs victimes, il y en a une qui comptait plus que les autres
une belle lune dans la journée (la lune de la chasse) à laquelle se pendre les sangs glacés

sans genre sans âge sont juste jeunes ne peuvent sortir doivent amener leur armée jusqu’à Troie n’ont pas grand-chose une Iphigénie en peau rouge de laine l’ordre du sacrifice, le temps des questions est venu, sans genre sans âge doivent décider qui doit mourir ici

une fêlure sur le collant qui gratte une tâche, une fêlure dans les mots, dans les gestes, dans la célébration d’une mort inconnue, tout est dérangement, la judéité encombrante, la sexualité qui dérange, l’impossibilité à dire, à être, tout étouffe, les soulagements sont éphémères, des appels à l’aide, des petites agressivités, se tendre jusqu’à s’écrouler, briser, fêler, retrouver un peu de soi en l’autre

un type dont le pseudo est un mystère révélé dans un long texte plein de lui un type que personne ne connaît que tout le monde accompagne son mystère importe peu un jour il parle de son enfant, de sa fille, ça fait serrement du côté du cœur parce que sa fille il est allé la chercher il ne l’a pas extrait de lui-même il est allé du côté où je n’irais pas et il est allé chercher sa fille, l’a ramené chez elle ça fait écho à un avenir possible

A propos de Alice Diaz

Enfant, veut être litote. Adolescente, passe beaucoup de temps derrière les écrans à créer des mondes et des personnages. Participe à des ateliers d'écriture. Expérimente la photographie. Fière membre du Castor Magazine. Educatrice spécialisée en devenir. Tient un blog où elle cherche à faire signe.

3 commentaires à propos de “transversales #02 – compressions”

  1. Rétroliens : billet compressé – faire signe