Je n’ai pas vu la mer depuis tant de mois. Pas vu d’horizons submergés d’éclat, le sunrise, pas vu, de plis dans les entrailles, pas vu le filet des mousses glisser entre les doigts, de digue projetée en étoile, pas vu les bouchots remplis de coquillages, les filets de pêcheurs, les ombres des oiseaux, la sphère des cris quand on rentre dans le corps des vagues, pas vu ces ondes-là qui te remplissent et te teignent de soleil, pas vu les voix nacrées des planches, l’envol grâcieux des voiles, la surface des petites aubes, l’entière nuit à boire sur la plage, le cri du saxophone dans un jazz éthylique prêt à tout assouvir, The Mind Thing de Lionel Belmondo quand il tourne à l’oreille en ressac puissant, pas vu les oreilles des poissons sur le marché du port, pas vu la joie quand tu gicles à vélo sur les sentiers côtiers, l’iode qui rend les mots à ta bouche, pas vu ce ciel digne d’une mort en exil, l’abeille et le frelon qui bondissent sur les flots – l’eau c’est tout voir.
Ainsi réémerge le flow
Le regard est de l’eau