A cet instant précis il repense à ce qu’elle lui a dit, pas plus tard qu’hier à propos de l’incident survenu l’avant veille. Il n’a plus le souvenir très net de ce qu’il lui a répondu… Voilà : Michel est un con. Non c’est pas ça. Enfin si, Michel est un con : c’est un fait. Je ne suis pas le seul à le penser. Tiens c’était mercredi- peut être jeudi-il a croisé Martine et Virginie dans le couloir du troisième. Des vraies commères, Tout le monde- sauf peut être Michel- le pense. Bref, tu comprend il a quitté sa femme pour la secrétaire du deuxième… et bien tu sais quoi… Non mais je présume que tu t’apprêtes à me le dire- Rires suraigu, il déteste ça à tout les coups ça lui cogne un cafard d’enfer-Et bien c’est un con Michel !-Tiens il a toujours dit- Parce que la petite Natacha ? Qui est Natacha ? Ben la pouffiasse du deuxième ! Tu m’écoutes quand je te parle -Petit couinement d’autosuffisance : deuxième coup de cafard- Donc Natacha tu penses bien qu’elle lui a dit non, elle a tous les types du bureau à ses pieds. Et mon Michel s’est retrouvé le bec dans l’eau ! Quel con ! Il lève les yeux de son bureau et parcourt la pièce immense des yeux. Si seulement Michel était le seul con ici… Il y a un an exactement il arrivait dans ce bureau. A vrai dire il ne s’en souvient pas vraiment. Juste une odeur : un mélange de transpiration- Tiens ce matin il n’avait plus de déodorant il faudra qu’il passe au supermarché ce soir pour en racheter, pas question de puer, il en mourrait de honte- A quoi je pensais à l’instant ? A oui l’odeur : un mélange de transpiration et d’encre de photocopieuse chaude. A vomir. Depuis un an il supporte cette odeur. Machinalement il cherche les pastilles de menthe forte qu’il est allé acheter à la pharmacie jeudi. Ce n’est qu’en février que le pharmacien lui avait donné cette astuce pour lutter contre les odeurs tenaces. Rapport à ses études : vous comprenez les cours d’anatomie sur les corps baignant dans le formol… La menthe forte ça anesthésie l’odorat…Ou un truc dans ce genre… Il ne l’écoutait déjà plus préoccupé par le fait qu’il n’était pas sûr d’avoir bien pris sa carte bancaire sur le guéridon de l’entrée avant de partir. Je n’ai qu’à le régler par chèque… Non mais réfléchit deux minutes c’est ridicule de payer des pastilles à la menthe avec un chèque…Bien sympa tout de même ce pharmacien… Dimanche en huit il faudra qu’il l’invite à dîner… Sûr qu’ils s’entendraient bien! Le pauvre type, sa femme est en train de mourir. Cela fait des années qu’elle se meurt, ça doit être épuisant. A sa place je l’achèverai je crois… Avait il dit cette phrase à haute voix ? Plus moyen de s’en souvenir ! La mémoire… incompréhensible, on passe son temps à se souvenir de futilités et ce qui est important…Pfuuitt… C’était quoi déjà cet incident ? Allez mon vieux il faut que tu t’en rappelle ! Vague crampe dans la mâchoire, comme une gueule de bois. Il regarde sa montre. Julie est encore en retard, ils doivent bosser sur un dossier urgent… c’est toujours pareil ! Je lui laisse encore cinq minutes avant de m’énerver !
Moins aimé que d’autres textes. Il y a du rythme, mais la trivialité des préoccupations nuit un peu, non ?
Exact, j’avoue avoir un peu de mal à rentrer dans l’histoire avec tous ces points de vue…
c’est bien aussi d’écrire des impasses… pour ne pas y retomber ; ça fait place nette.
Qui n’est pas perdu avec ses îlots de texte ? et la terrible envie de mettre de la cohérence ou du moins du lien entre les îlots ?