En fait, pas grand-chose dans l’image. Haut de façade, ligne de toit, versant, bout de ciel. Une portion de mur décrépi entre la petite fenêtre et la gouttière, tuiles humides ou non ou parsemées de feuilles mortes, diagonale du toit surtout et son contact avec la montagne en arrière, horizon courbe entre montagne et ciel. Certains jours, la quantité de brume efface une partie de la photo, brume à densité variable d’une minute à l’autre. Et puis le végétal. La marée végétale noie la maison.
Tout ce qu’on fait — pourrait faire tous les jours — : observer le ciel, verser l’eau sur le thé, peler un fruit, écrire dans son journal, s’informer de la météo, faire ses exercices de yoga, se laver le visage avec de l’eau de rose, se pencher par la fenêtre pour voir la maison d’à côté. Se pencher de la même façon, dans la même posture, avec le même angle du corps en appui contre la tablette devant la fenêtre franchement étroite, la même orientation du buste et puis l’élan des bras qui poussent la petite boîte noire au dehors vers le paysage pour prendre la photo, le regard concentré. Pas de précautions particulières. En priorité ouvert — on est au nord, plus sombre, plus frais, plus ombrageux, donc c’est mieux pour attraper davantage de lumière. Action du zoom au ressenti pour calculer la quantité de ciel et de toiture désirée. Juste cela. Faire attention à ne pas attraper le morceau d’avant-toit de ma propre maison. Avant ou après le petit-déjeuner. Toujours la tasse de thé pas loin. Mais c’est sans doute la brume qui me ramène le plus souvent de ce côté pour observer depuis l’étage le versant noyé, la diagonale du toit voisin. Format 16:9 ou autre format approchant. Disposition paysage. Haute définition. Balance des blancs suivant les conditions d’éclairage et mise au point quand le vacillement a diminué, j’ai indiqué oui. Ça déclenche, image instantanément sur l’écran.
Photographies Françoise Renaud© – Cévennes 2022
Codicille : tellement grande l'envie de répondre à cette marée d'images sublimes de Sugimoto et aussi tellement envie de rejoindre ceux qui se sont déjà jetés à corps perdu dans cette exploration... ai fait un peu vite mais bon...
Bonjour Françoise
Beau texte et belle série de photos pour des retrouvailles !
Très heureux de te lire à nouveau !
je pensais arriver incognito par la petite porte et puis… tu me guettais…
merci Fil pour cette retrouvaille..
Déjà dans l’autre cycle, l’oeil fixé sur l’environnement immédiat. Dans celui-là, la quotidienneté comme premier espace. L’univers se rétrécit. De nouvelles aspirations à regarder tout près et en dedans peut-être. Avant d’élargir ? Ou d’approfondir ? Voilà qui fait penser à ces grands voyageurs qui un beau jour s’ancrent quelque part et revoient leur rapport au temps. Peut-être que ce cycle reprendra dans chaque texte de manière différente ce « En fait pas grand chose » par lequel il débute… A suivre.
oh Marion… j’adore ton idée de réitérer à chaque fois la même intro…
et puis la matière immédiate forcément, elle est là tout près, à portée de main, d’œil, de sensation… il n’y a qu’à l’utiliser, la faire sienne
« Tout ce qu’on fait — pourrait faire tous les jours — : observer le ciel, verser l’eau sur le thé, peler un fruit, écrire dans son journal, s’informer de la météo… » dans la lumière, au nord, cette oblique et la brume . Merci de ce retour dans tes paysages
merci plutôt à toi d’être là, de guetter…
paysages qui m’accompagnent depuis quelques années, matière inépuisable sans doute
Vite et bien ! Beaucoup aimé ces rituels du matin, la tasse de thé, l’observation du monde qui se présente devant nous. Me retrouve dans ce texte, même si avec d’autres riruels, bien-sûr, et d’autres paysages, mais avec le même désir d’observer les fines variations de ce qui est à première vue immutable.
fines variations qui compose la saveur du temps, insaisissables et pourtant bien réelles
(si contente de te retrouver chère Helena)
Que j’aime ces paysages! Couper exploités au dela. On voit toujours la région dessinée et le texte tout en sensation, capture du presque rien, du presque tout. Merci! Ravie de retrouver les plumes des 40 jours
oui moi aussi, j’aime vraiment retrouver le compagnonnage des 40 jours ! comme si on se reconnaissait à nouveau…
sensations de vert et de brume
à suivre…
Mais c’est beau ce toit, ce ciel et ce vert – et ces mots qui racontent ce que l’on pourrait faire chaque jour avec son corps et son regard. Au plaisir de nous retrouver Françoise.
j’ai failli partir sur cette idée des rituels quotidien (dont la photographie), oui j’avais envie de développer ça mais j’ai trouvé que c’était un peu hors sujet…
peut être plus tard
au plaisir de te retrouver aussi Clarence
je serais moi aussi très attirée par la brume… merci
je en sais pas pourquoi mais ces visions depuis ma fenêtre en ces jours-là, de brume, me rapprochent du Japon…
Bonjour Françoise,
en lisant ton texte, puis les commentaires et tes réponses, oui quelque chose du Japon, ou d’un pays de montagne et de brume, je pensais aux illustrations de François Place, ou à certaines grandes photos vues en expo (ne me demande pas de qui.. vues à Lyon dans les années 2000, en biennale)
mais surtout ce que je me disais du texte, c’est qu’il relevait du travail de la méditation, de cette exégèse de l’instant et du lieu, et aussi de l’infime qui nous traverse,
bonne suite dans le cycle, contente de savoir les mois qui viennent partagés
chouettes, ces références…
de l’infime mouvement des choses, comme un souffle qui nous traverse
oui contente moi aussi de ces passerelles à nouveau jetées entre nous…
Françoise te revoilà dans tes brumes passagères, tes pierres tes plantes tes rituels.
Simplicité et richesse d’une chorégraphie quotidienne et méditative.
quotidien, méditation, temps s’écoulant comme une petite source sous la montagne
je tente de retrouver le sens des choses après cet été de tumulte…
merci chère H. pour ta veille attentive
La brume sur la colline derrière la végétation luxuriante, les rituels du matin, l’attention portée à l’instant, au monde, « toujours la tasse de thé pas loin », oui cela m’évoque aussi l’Asie (je ne connais pas le Japon mais me rappelle des promenades sur des îles de la mer de Chine). Beaucoup aimé la sérénité qui se dégage de ce texte.
ce texte me fait du bien, l’allusion aux rituels du matin (eu tant de mal à ritualiser moi, alors que c’est le secret sinon du bonheur de la paix intérieure) ces paysages, ces lignes qui se croisent entre montagne toit de guingois et montagne, et le chapeau de brume. C’est serein (et pas serin!)
humour autour de la brume et de nos rituels inconscients
merci de ton passage, Catherine
La diagonale du toit et son contact avec le ciel, j’adore. Tout ce qu’on fait ou qu’on pourrait faire chaque jour… L’énumération qui suit. Et enfin ta façon de faire exister ces superbes photos dont tu n’es pas avare. Merci, Françoise.
tu sais, je ne connais rien à la technique mais je me laisse porter et puis après je vois…
faire exister et exister au cœur du monde autour de nous (la vision va sûrement se préciser et s’approfondir au fil de l’atelier)
merci amie Anne