#LVME #05 | Près de chez vous (Scrolling down)

En 2021, la ministre du Logement a qualifié la maison individuelle d’« impasse » et de « non-sens écologique ». En Île-de-France, 25 % de la consommation d’espaces agricoles et forestiers entre 2017 et 2021 était liée à la construction de logements individuels. « Aujourd’hui, 55 à 60 % des maisons sont construites sur des terrains individuels issus de divisions parcellaires », estime le président de Domexpo, qui réunit les principaux constructeurs sur quatre villages de vente en Île-de-France. Entre préservation pour son intérêt patrimonial et écologique — ses jardins — et transformation — rénovation énergétique, densification douce, démolition au profit de l’habitat collectif —, où en est le pavillon aujourd’hui en Île-de-France ?

Les trajectoires du pavillonnaire

Le nombre de pavillons est relativement stable au niveau régional — 1,5 million de maisons individuelles en 2021 contre 1,4 en 2010 selon l’INSEE —, mais il recouvre une grande disparité entre la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) et la grande (Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne et Val-d’Oise). La première en perd, quand la deuxième en gagne, par le biais d’une division parcellaire sur d’anciens jardins, la résorption de dents creuses [ ] ou en cœur d’îlots.

« Le recul du pavillonnaire en petite couronne est principalement dû à sa démolition pour du collectif afin de loger plus de gens à proximité des transports. C’est aussi plus rentable pour les promoteurs », avance l’Institut Paris Région (IPR), l’agence d’urbanisme de la région Île-de-France.

La densification douce — transformation de garage, construction en interstitiel et en fond de parcelle — pourrait permettre de dégager 30 % de surface utilisable supplémentaire. Selon Grand Paris Aménagement, « ce potentiel important doit être encadré. La zone d’aménagement concerté (ZAC) peut être un outil », ainsi que les orientations d’aménagement et de programmation (OAP), qui permettent de protéger des terrains et de dessiner l’avenir.

« Le pavillon ne va pas forcément disparaître, estime une géographe à l’Institut Paris Région, mais il va devenir un objet rare et très convoité. Il y a un enjeu financier. » Avec l’aspect sous-jacent de garder une accessibilité pour la classe moyenne. Aujourd’hui, près d’un quart des ménages franciliens habitent en pavillon. Actuellement, les cadres représentent 22 % de l’occupation pavillonnaire en Île-de-France.

Le terrain à bâtir est une perle rare. Les constructeurs, les agences immobilières et les marchands de bien, qui attendent une embellie sur le marché de la construction, sont à l’affût des terrains à diviser. « C’est quelque chose qui se faisait en région parisienne dans les années 2000, et qui gagne désormais l’Oise, assure le constructeur Maisons France Confort. Les gens vendent des parcelles, des pâtures ou encore une partie de leur jardin. » Car de nombreuses familles franciliennes voient en l’Oise un endroit accessible à leur rêve : devenir propriétaire d’une maison.

« Ici, on trouve encore du foncier, les divisions de parcelle ou de jardin aident, affirme le constructeur Maisons France Confort. Beaucoup ne peuvent pas acheter là-bas mais ont le budget pour ici. Même si le terrain ne leur permet que de faire le tour de leur maison [ ]. »

Le tour de leur maison

« Ils veulent profiter de leur famille, pas passer leur temps libre à jardiner, confirme un conseiller commercial chez Résidences Picardes. L’essentiel est de pouvoir garer deux voitures devant, avoir une terrasse, et être à proximité de tout. » Le sud de l’Oise, les sorties de l’A1 et de la N2 sont les plus convoités, le foncier se raréfie. Plus on s’éloigne de l’aéroport de Roissy, moins le terrain coûte cher. En ce moment, l’axe N2 explose. « Les gens sont assis sur une mine d’or et ne le savent pas. Ils peuvent gagner 100 000 € en vendant un bout de jardin, de quoi réduire leur mensualités et améliorer le quotidien », renchérit le conseiller de Résidences Picardes.

Certaines mairies voient en ces divisions l’opportunité de gonfler leur nombre d’habitants, de garder leur école, de toucher plus de subventions. D’autres y mettent un frein catégorique. « Derrière chez moi, il y a des maisons en drapeau — construites en second rang. Vous ouvrez vos fenêtres, vous voyez votre voisin. On ne veut pas de ça, explique la maire de Cauffry. On a durci les règles, modifié le plan d’urbanisme. Désormais, on ne peut construire une maison qu’à 25 m de la route et il faut un chemin de 5 m de large le long du bâti. C’est mission impossible quand on vend une partie de son jardin. Et on ne prend en charge ni les coûts de voirie ni l’extension des réseaux. Souvent, ceux qui vendent ne sont plus là. Ils divisent pour avoir plus d’argent. Ils se fichent que le voisinage en pâtisse. »

« Il fait bon vivre à Senlis. On trouve toutes sortes de commerces, on est à 50 km de Paris par la route et à moins de vingt minutes de l’aéroport de Roissy, rappelle un conseiller immobilier. Pour les gens qui ont des moyens, il y a de très belles maison, voire de très grandes propriétés. » Proche de la capitale mais déjà en province, Senlis aimante les cadres depuis des décennies.

Cadres de vie

« Je suis arrivé à Senlis il y a plus de vingt ans et c’est la qualité de vie qui m’a attiré », raconte un directeur commercial. Il n’y a pas de gare à Senlis, ce qui isole un peu la ville mais lui épargne une délinquance venue d’Île-de-France par le réseau ferroviaire. « Je suis venu m’installer à Senlis il y a six mois, notamment parce que c’est proche de mon lieu de travail, confirme ce responsable d’achats pour le comité d’entreprise d’une société basée sur la plateforme Roissy – Charles-de-Gaulle. Le cadre de vie est très bien préservé, avec un tissu commercial de qualité. On est un peu dans un cocon, à Senlis. » 

Les cadres travaillant à CDG, on les retrouve aussi à Chantilly, à 10 km de Senlis. Une capitale du cheval cernée de forêts avec pour joyau un château que le monde entier vient visiter. De quoi là aussi séduire des Franciliens en mal d’espace. Avec des prix au mètre carré très loin des montants franciliens, le pouvoir d’attraction de Chantilly s’est vu décuplé par la période Covid. Cette partie du sud de l’Oise voit arriver de nouveaux résidents, notamment à temps partiel. La demande pour des résidences secondaires sur le secteur a bondi ces dernières années.

« Je ne jardine pas beaucoup donc ce n’est pas très dérangeant. Mais on ne connaît pas les risques à long terme. Quand on voit les petits jouer dehors ça nous inquiète… » Cette mère de famille s’est installée à Mouy en septembre 2022, dans l’un des 32 logements sociaux pavillonnaires qui venaient de sortir de terre, chacun avec leur petit coin de jardin. Trampolines, maisonnettes en plastique, piscines gonflables, raquettes et autres mobiliers d’extérieur jonchent désormais les carrés de verdure, attestant de la présence de nombreux enfants. Mais pas l’ombre d’un légume. Les potagers sont strictement interdits sur ce sol où se trouvait l’atelier de mécanique Mir entre 1970 et 1999. Avant de faire construire, la zone, intoxiquée aux hydrocarbures, a été dépolluée à 98 %. Un géotextile installé en profondeur a été recouvert de plusieurs mètres de terre saine. Par précaution, il est interdit de consommer les aliments issus de cette terre.

La loi Climat et Résilience de 2021 rendant impossible l’artificilalisation des terres, les collectivités sont dans l’obligation d’exploiter en priorité les terrains déjà construits laissés à l’abandon. Ce n’est pas ce qui manque dans l’Oise. « Toute la vallée du Thérain est concernée, commente le maire de Mouy. La rivière avait un débit constant toute l’année, beaucoup d’usines manufacturières se sont donc avec les années installées à proximité. » L’usine Rabourdin Picardie qui fabriquait des moules et des produits en acier jusqu’en 1956, ainsi que les manufactures présentes avant elle ont laissé derrière elles de l’amiante, des solvants, des résidus de fonte de cuivre et de bronze sur plus d’1,7 ha. La dépollution devrait prendre plus d’un an pour voir sortir de terre une centaine de logements à l’horizon 2027.

Un cas sur un million

« On utilise un maximum de systèmes biologiques, développe le responsable de la maîtrise d’ouvrage pour l’Établissement public foncier local des territoires Oise et Aisne (Epflo). Par exemple, en injectant dans le sol des micro-organismes qui vont attaquer les molécules organiques déjà présentes. On utilise aussi des méthodes thermiques ou d’ensemencement avec la flore locale. » La manière la plus simple, mais aussi la moins écologique, reste d’évacuer la terre polluée par camion pour la remplacer par de la nouvelle, plus saine. L’Epflo se veut rassurant, « une fois la pollution traitée, il y a forcément une part résiduelle. La norme à respecter pour construire des logements, c’est un risque inférieur à un cas sur un million de possibilités de développer un cancer. »

L’affaire n’est pas tout à fait une surprise pour certains Nogentais qui s’étaient inquiétés, il y a un environ deux ans, d’un projet situé au-dessus du château des Rochers. « Il était question qu’une entreprise de BTP de Seine-et-Marne enterre des déchets inertes sur ce plateau, qui serait ensuite aménagé avec des jardins familiaux et même des vignes, se rappelle un ancien élu. Nous n’avions aucune certitude sur la nature des déchets qui ont été apportés et enterrés, et de nombreux arbres ont été abattus dans une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). » Alerté par les associations, un groupe d’opposition (PC) avait voté contre le projet d’enfouissement « car il ne semblait pas s’agir uniquement de remblayage, cela ressemblait à une décharge, et seule la préfecture peut autoriser ce genre d’installation. »

Un vaste dossier d’enfouissement de déchets

Dans ce dossier, la société de BTP incriminée est soupçonnée de se livrer à de l’« enfouissement illégal de déchets sous couvert de permis d’aménager délivrés par des autorités locales ». C’est à ce niveau qu’interviendrait l’éventuelle responsabilité du maire (DVG) de Nogent-sur-Oise. « De nombreuses allées et venues de camions ont notamment été constatées chaque jour sur le site de Nogent. Les camions arrivaient chargés de divers déchets (végétaux, béton, pylônes, gravats, cailloux…), lesquels, non pesés, étaient repoussés dans une zone du site préalablement creusée, les camions repartant ensuite à vide ou chargés de calcaire », informe de parquet de Paris. Les investigations dans ce dossier sont menées de concert par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) et l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF). Les faits reprochés se seraient produits entre le 20 août 2021 et le 2 juillet 2024, à Nogent-sur-Oise ainsi qu’à Villeneuve-sous-Dammartin (Seine-et-Marne). L’enquête a été ouverte autour de quatorze chefs d’infraction, parmi lesquels « défrichement illicite de bois et forêt, abandon ou dépôt illégal de déchets par personne morale en bande organisée, utilisation du sol en méconnaissance du plan local d’urbanisme, exploitation d’une carrière sans autorisation, exploitation d’une installation classée pour l’environnement sans autorisation ou encore blanchiment. »

« Pour faire une véranda ou construire un abri de jardin de plus de 5 m2, il faut un permis, et pour cette piscine de 70 par 30 m, une simple demande préalable de travaux suffit ! » maugrée le maire (SE). Le terme « lagune » donne des envies de voyage. Mais à Marquéglise, 478 habitants, celle qui devrait voir le jour est qualifiée de « piscine à merde » par les opposants réunis dans le Collectif Marquéglise, soutenu par la mairie. La commune n’ayant pas finalisé son plan local d’urbanisme, c’est la préfecture qui a donné son aval. Le collectif s’est créé mi-novembre contre un projet de création d’une lagune à digestat, ces déchets de méthanisation sous forme liquide qui servent à fertiliser les champs. Le méthaniseur, géré par la société par actions simplifiée agricole (SAS) Métha Oise, veut augmenter sa capacité de production de 29 tonnes de biogaz par jour à 64 tonnes. La lagune existante de 5000 m2 n’y suffira pas.

Panneaux à toutes les entrées du village, pétitions, réunion publique, manifestation devant la mairie, les habitants ne veulent pas de ce projet. « On nous dit qu’il n’y aura pas d’odeur car le digestat sera resté à l’abri 80 jours », explique le maire. « Mais dans l’étude, on parle de nuisances olfactives semblables à du chou pourri et à de la fiente de poule. Ce ne sera pas couvert, car ils ne sont pas obligés. Il va forcément y avoir des émanations, de la fermentation avec tous les rejets de gaz. Je ne parle pas de la pollution des sols », maintient une membre du collectif d’habitants. Elle poursuit : « Il est écrit que de 3 à 30 camions par jour circuleront sur nos petites routes. S’il n’y a pas d’accident, ce sera sans compter la dégradation des routes. » 

Non visible des habitations

L’agriculteur présidant la SAS Métha Oise répond : « Nous avons mené des études pour gêner le moins possible. On veut prévenir toute pollution avec notamment la mise en place d’un plan d’épandage qui vise à maîtriser les quantités épandues. Nous avons également choisi une implantation éloignée du village, au-delà de ce que nous demande la réglementation. » Ainsi, le responsable affirme que « la lagune sera implantée dans un lieu non visible des habitations. Nous éviterons aussi les pics de trafic lors des périodes d’épandage. L’implantation a aussi été choisie pour contourner le centre. »

Cette assistante maternelle du Plessis-Bouchard (Val-d’Oise) n’en démord pas : la direction des routes d’Île-de-France (Dirif) doit assumer les conséquences de son « défaut d’entretien ». Alors que nombre d’usagers de l’A15 en sont restés pour leurs frais, assumant seuls la facture de remplacement des pneus, des jantes, voire davantage, cette conductrice tombée dans le profond nid-de-poule, qualifié de « nid d’autruche » par les automobilistes, a formulé une demande d’indemnisation, mais aussi déposé plainte contre cette agence de l’État pour « mise en danger d’autrui, risque immédiat de mort ou d’infirmité par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence ».

Le grand délabrement

L’incident remonte à janvier 2024. Ce soir-là, elle récupère son fils après son entraînement à la patinoire de l’agglomération de Cergy-Pontoise, l’Aren’Ice, pour rentrer chez eux. Entre les sorties 10 et 9, « la voiture est tombée dans le trou. Il y a eu un gros choc, j’ai senti des à-coups dans le volant. Je n’ai pas le temps d’espérer que le pneu ne soit pas éclaté que mon fils, à l’arrière, me dit Maman, la voiture, elle penche ! » La bande d’arrêt d’urgence est déjà occupée par d’autres automobilistes qui ont subi le même mauvais sort. Des dizaines d’entre eux ont fait les frais de cette ornière qui ne cesse de se creuser, malgré les rustines posées régulièrement. « Une douzaine d’interventions par semaine », pour la société de dépannage. Sur les réseaux sociaux, la grogne monte. Cet usager y a « explosé par deux fois le pneu avant droit » de son véhicule. Son témoignage est au menu du « Complément d’enquête » intitulé « Ponts et routes, le grand délabrement » diffusé sur France 2.

Au Auchan Drive de Cesson, en Seine-et-Marne, le service client peut aller très loin. « Il nous est déjà arrivé de pousser la voiture de gens qui n’arrivaient pas à redémarrer pour quitter le quai de déchargement », raconte le responsable du site depuis deux ans. Pour les acteurs de la grande distribution, rendre l’expérience client la plus fluide possible est devenu incontournable. Cela débute dès la réception de la commande. « Si notre système d’information nous indique un article manquant, on fait une vérification manuelle, car il peut toujours y avoir des erreurs de stock. » 

Une fois cette vérification effectuée, c’est parti pour le « picking » dans les rayons de l’entrepôt de 1800 m2 qui n’abritent pas moins de 9000 référence réparties sur différents espaces : produits secs, frais, fruits et légumes et surgelés. Un algorithme dicte alors le circuit aux préparateurs. Objectif : limiter au maximum le nombre de pas des collaborateurs et ainsi préparer la commande le plus rapidement possible. Ce jour-là, à la mi-journée, le temps moyen de préparation est de 2 minutes et 41 secondes. 

Une commande préparée peut être retirée à partir de 30 minutes par le client. Une fois qu’il a passé la borne d’accès au drive, l’enseigne s’engage à la lui apporter dans les 5 minutes sur le quai de chargement. Ce jour-là, pour 90 % des clients, la promesse avait été respectée. « Si le temps est dépassé, cela peut par exemple venir d’un nombre important de packs de liquides à déposer dans le coffre », explique le responsable. Cette remise des produits en main propre est en fait la première interaction avec le consommateur. 

La relation ne s’arrête pas là

« Après leur passage au drive, une fois les consommateurs de retour chez eux, ils reçoivent par e-mail une enquête de satisfaction. On leur demande de noter la qualité des fruits et légumes, le temps d’attente, l’amabilité du préparateur, etc. Et enfin d’attribuer une note globale sur la qualité du service rendu. » C’est le fameux NPS (net promoter score). Un chiffre qui traduit la propension des clients à recommander (ou pas) l’enseigne. Par souci de fidélisation et de rétention des clients, le responsable doit aller chercher les détracteurs et comprendre ce qui a « bugué » au cours de leur parcours d’achat et de retrait des marchandises. « J’épluche tous les commentaires des clients ayant mis une mauvaise note et je les recontacte par téléphone pour identifier le motif de leur insatisfaction », témoigne le responsable de l’Auchan Drive.

Avec une superficie au sol de 41 500 m2, la plus grande « usine numérique » de France sortira de terre d’ici à l’an prochain à Dugny (Seine-Saint-Denis). Cet immense centre de données sera érigé sur un ancien terrain militaire de dix hectares à la limite de l’aéroport du Bourget. « Toute entreprise ayant des ordinateurs, des serveurs et un usage de la data est déjà dans un data center, rappelle le président pour la France de Digital Realty, leader mondial dans le domaine, qui construit et exploitera le site. Il y a une continuité géographique virtuelle entre nos campus. Il y a seulement quelques microsecondes de temps d’échange. » Vingt-huit kilomètres de câbles vont être tirés depuis le Val-d’Oise afin d’alimenter trente salles informatiques. 

Foncier, réseau, énergie

La Seine-Saint-Denis est une terre d’accueil historique des data centers depuis les années 1990 « car il y avait des friches à l’époque, souligne le président de Digital Realty France. C’est l’une des plus grosses concentrations de France. Il y a un écosystème, un hub d’interconnexions. Il n’y a pas de data center sans réseau télécom, fibre optique. Les autoroutes de l’information partent naturellement de Paris vers nos voisins, le long de l’autoroute A1. Si vous cumulez foncier, réseau de télécom et énergie de raccordement, vous avez tout pour faire du data center. » Un paysagiste urbaniste de l’Institut Paris Région (IPR) observe :  « Il y a une énorme croissance en grande couronne. On en voit tout le long des autoroutes en bordure d’urbanisation. »

Son collègue expert en data center constate cependant que cette concentration suscite une opposition croissante. Le Mouvement national de la lutte pour l’environnement (MNLE) relève que le futur data center sera situé à environ 50 m d’habitations, à 200 m d’un terrain de sport, à 250 m d’une crèche et à 750 m de quatre établissements scolaires. « Il faut penser à la vie des habitants », se désole le président de MNLE93. Une inquiétude partagée par cette habitante croisée dans la ville : « L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) recommande de protéger les enfants et les femmes enceintes des lignes haute tension en raison des risques de cancer. Le data center va nous exposer à des lignes très haute tension. »

L’équivalent du bruit d’un lave-vaisselle

Le maire (DVD) de Dugny estime pour sa part que les gens sont inquiets car ils ont une méconnaissance du sujet. Selon Digital Realty, l’équipement émet peu d’ondes, qui passent par ailleurs dans des câbles. « On est en outre soumis à des règles de pollution sonore extrêmement strictes. On ne doit pas dépasser les 47 dB en façade extérieure. C’est l’équivalent du bruit d’un lave-vaisselle. » L’enquête publique n’a de toute façon pas mobilisé grand monde. Le commissaire enquêteur a reçu une vingtaine de commentaires numériques et, sur place, trois retraités, depuis octobre.

« Il faut sortir du tout-logistique », martèle le président de la Communauté de communes du Pays de Valois. Depuis plusieurs décennies celle-ci avait construit sa stratégie économique autour des zones logistiques, finalement peu pourvoyeuses d’emploi et engorgeant les axes routiers mais aussi les surfaces foncières. La collectivité a décidé de tourner la page de la logistique. 

Tourner la page

« Deux tiers des Valoisiens travaillent en région parisienne. Pour inverser cette tendance et fixer les habitants sur notre territoire, nous devons attirer des entreprises à plus forte valeur ajoutée. Nous avons la capacité de développer une centaine d’hectares sur plusieurs zones d’aménagement concerté (ZAC), annonce le président de la CCPV. Avoir la maîtrise du foncier nous permet de choisir les projets et on va se donner le temps pour cela, ce qui nous permettra d’offrir des emplois qualifiés sur le territoire. » Deux ZAC de 30 ha devraient ainsi voir le jour. La première, à Lévignen, accueillera « des entreprises du territoire qui souhaitent s’agrandir ou regrouper leurs activités. À Crépy-en-Valois, poursuit-il, nous profitons du projet de rénovation urbaine du quartier de la gare, située à trente minutes de la Gare du Nord, pour développer une offre de bureaux à destination des activités tertiaires et de formation. » Une des problématiques du territoire : « Il faut mettre fin au fait que le Valois est une zone blanche en matière d’offres de formation. »

Un tel projet devra se faire en coopération avec les entreprises. « Nous devons connaître leurs besoins en emplois et soutenir les formations lancées par leurs soins. » À ce virage économique entamé dans le Valois, la directrice de l’entreprise Opa Opticad, spécialisée dans les solutions optiques pour les secteurs du médical, de la défense et du spatial, ne voit que des avantages. « S’il y a davantage d’entreprises à valeur ajoutée, cela peut offrir un vivier de salariés à haute qualification, souligne-t-elle. Les gens qui travaillent dans la logistique n’offrent pas de possibilités de recrutement dans nos métiers. » L’entreprise, jusque là implantée à Mitry-Mory (Seine-et-Marne), est présente au Plessis-Belleville depuis 2021. « Nous avons cherché très longtemps un terrain avant d’arriver dans l’Oise. La communauté de communes a toujours su nous faciliter la tâche », se réjouit la dirigeante.

La seconde ZAC sera implantée sur les communes de Silly-le-Long et du Plessis-Belleville. Un projet présenté par le président de la communauté de communes comme une première européenne pour son volet artistique : « Les porteurs de projet des entreprises devront réserver 30 m de façade, ainsi que le pignon pour permettre à un artiste la réalisation d’une œuvre monumentale de 700 m de long au bord de la N2. »

Grande couronne

À partir de janvier, plus aucun nouveau chirurgien dentiste ne pourra visser sa plaque à Paris, dans 15 des vingt arrondissements que compte la capitale. L’Agence régionale de santé (ARS) francilienne a publié une cartographie de la répartition actuelle de la profession qui permettra l’application de mesures de régulation des installations. Ainsi, dans les zones jugées « non prioritaires » et où vivent 5 % des Français, il ne pourra plus y avoir de nouvelles bouses blanches. À l’inverse, dans les déserts dentaires, où réside 30 % de la population, des aides à l’installation pour les nouveaux praticiens s’appliqueront.

L’Oise a été le premier département en France à créer, en 2022, un centre de supervision départemental (CSD) permettant aux communes rurales de bénéficier d’une vidéosurveillance 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. À l’époque, 10 communes avaient saisi cette opportunité pour s’équiper de caméras. Deux ans plus tard, elles sont 100 à s’être raccordées, et 44 nouvelles municipalités vont se rajouter dans les semaines à venir. L’efficacité du dispositif a séduit au delà du département puisque le Val-d’Oise ou la Corrèze ont déjà investi dans un CSD alors que les Yvelines ou les Alpes-Maritimes devraient le faire prochainement.

Le maire (LR) de Laigneville a été le premier à faire adhérer sa commune au CSD. Il en tire un bilan très positif. « Ici, la délinquance a diminué de 75 % et on arrive à régler une affaire par semaine. Cela va des incivilités au trafic de drogue. Le CSD, ce n’est pas Big Brother, c’est un outil en soutien des élus. »

256 images sur un mur

Toutes les images des caméras des communes raccordées arrivent sur un mur d’images composé de 16 écrans. « Il est possible d’afficher 16 images par écran, soit un total de 256 images, précise le directeur général du Syndicat mixte Oise très haut débit qui gère le CSD. En général, une centaine d’images sont diffusées. » Neuf agents se relaient pour assurer une surveillance H24. « Si les opérateurs voient quelque chose, ils alertent les forces de l’ordre ou l’interlocuteur désigné par la commune concernée, poursuit-il. Toutes les actions sont consignées dans une main courante. »

Au-delà de Laigneville, son maire assure que les caméras peuvent bénéficier à tout le département : « Lorsqu’il y a un délit, il faut trente minutes pour quitter l’Oise, chaque minute compte. On va pouvoir mailler le département avec les caméras des communes et être plus réactif. On aura bientôt une formidable force de frappe. » Lors des rencontres de l’Oise rurale, la présidente (LR) du Conseil départemental a rappelé que « depuis 2015, 13,3 M€ ont été investis pour subventionner l’achat de 5000 caméras par 312 communes » sur les 680 que compte l’Oise.

Kidnapping

Allonne a attendu 2023 pour franchir le pas. « Jeudi, j’ai reçu un appel d’un habitant qui a vu son mur abîmé par un poids lourd, il me demandait si on pouvait l’identifier, raconte le maire (SE). Ce sera possible avec la vidéo. On a 30 caméras, dont 7 en panoramique, mais si j’écoutais les gens, je devrais en rajouter 10. » Sa commune se trouve au carrefour de plusieurs axes très fréquentés. « On est régulièrement sollicités pour des enquêtes judiciaires sur le passage de véhicules, rapporte l’élu. Avec le CSD, on peut suivre le parcours de chaque véhicule, de son entrée à sa sortie de la ville. Récemment, la gendarmerie a ainsi pu identifier et interpeller un conducteur suspecté de kidnapping. »

C’est un tas de sacs-poubelles qui oblige une mère de famille à passer sur la route avec sa poussette. Un vieux lit et du mobilier qui empêchent l’accès facile à un parc de jeux. Des gravats abandonnés devant un immeuble, nuisant à l’image d’un quartier. Et surtout bien autres choses. Depuis plus de dix ans, les dépôts sauvages sont en constante augmentation dans les villages d’Île-de-France et de l’Oise.

Dès 2019, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pointait une hausse de 30 % relevée par les services d’espaces verts d’Île-de-France et même de 70 % en forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Les collectivités sont en guerre, ni plus ni moins, à coups d’amendes, de retours aux envoyeurs, de signalements. Dans leur lutte, elles ont un nouvel allié : l’intelligence artificielle. Il y a trois ans est née Vizzia, une entreprise créée par deux polytechniciens qui travaillaient sur la traque des dépôts sauvages.

Un mégot de cigarette

« Ils ont développé un algorithme capable de détecter les abandons de déchets sur la voie publique et l’ont associé à des caméras nomades, raconte une responsable commerciale chez Vizzia. La caméra algorithmique peut repérer un mégot de cigarette jeté, alors un sac poubelle, un carton ou un encombrant, c’est encore plus facile. » À ce jour la société travaille avec 32 communes en Île-de-France et trois dans l’Oise. Il y a eu Chantilly, d’abord, puis Méru, et bientôt Creil.

« À Méru, on a d’abord rencontré le chef de la police municipale, puis la maire, indique la commerciale. Nous établissons un diagnostic des points noirs où les pollueurs sévissent, puis nous proposons un plan d’action. » Les caméras ont été installées en août sur quatre sites que la ville ne souhaite pas dévoiler. Le chef de la police municipale précise : « Ce sont des sites où les dépôts d’immondices sont récurrents et qui représentent un surcoût pour le contribuable parce qu’ils mobilisent du personnel pour les retirer. »

Les caméras conçues par Vizzia sont équipées d’un algorithme qui analyse l’image 24 heures sur 24, mesurant le volume de tout ce qui est observable. « Je découvre alors une séquence vidéo de quelques minutes, explique le chef de la police. On y voit normalement la personne déposer les déchets, la plaque d’immatriculation de son véhicule, et le départ du contrevenant. Nous verbalisons plusieurs infractions par jour. »

Zones d’activités et liaisons douces

À Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), le maire (Horizons) dispose de trois possibilités pour identifier les contrevenants. « Nous y parvenons soit en flagrant délit, soit grâce à la cinquantaine de caméras de la commune, soit grâce aux pièges photographiques achetés par la communauté d’agglomération de Marne et Gondoire. » ses deux objectifs : « D’abord dissuader. Ensuite financer le nettoyage. L’intercommunalité en charge des zones d’activités et des liaisons douces — lieux propices aux dépôts sauvages — en a pour 200 000 € de frais d’enlèvement par an. »

Même démarche volontariste à Savigny-le-Temple, dont le conseil municipal vient de voter à l’unanimité la facturation forfaitaire de 500 € aux contrevenants identifiés. « Il faut responsabiliser les administrés. Aujourd’hui, il y a un réel manque de civisme. Plutôt que d’aller aux déchetteries, des gens vont au plus simple, déposent cela n’importe où. Cela abîme l’image de la ville », peste la maire (PS). Mais elle n’oublie pas la pédagogie menée par la police municipale à travers sa brigade verte, notamment dans les écoles car elle croit beaucoup au « rôle prescripteur des enfants pour faire passer le message aux parents. »

« Faites confiance à votre instinct, il vous mènera tout droit au trésor ». Au centre commercial Les 3 Fontaines à Cergy (Val-d’Oise), devant la boutique Mystère Colis ouverte depuis un mois, il n’en faut pas plus pour attirer le chaland vers les étals garnis de centaines de paquets couverts de points d’interrogation. « Un monsieur en a pris dix pour mettre au pied du sapin : le premier invité arrivé choisira son paquet et ainsi de suite », confie le responsable de Mystère Colis. Avant cela, il a profité d’un bail éphémère dans un supermarché à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), d’un autre à Orly (Val-de-marne), d’un autre encore dans le centre commercial Quartz à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). En Île-de-France, les ventes de colis mystères ne connaissent pas la crise : déstockage dans des boutiques dédiées, ventes éphémères sur des parkings de supermarché ou dans des entrepôts, « opération spéciale » en centre commercial, voire dans des hôtels. Le grossiste s’est lancé dans ce business dès 2022, année où est entrée en vigueur la loi Agec, dite « loi antigaspillage », qui interdit la destruction des biens non alimentaires. Il montre fièrement une photo de sa « première palette » : paire de baskets de grande marque, montres connectées, escarpins d’une maison de haute couture… Puis « les gens ont commencé à être déçus de la qualité des produits ».

Nouveaux propriétaires

Aujourd’hui, il ne travaille plus qu’avec Amazon. « Chez moi, tout le monde est gagnant », assure-t-il. Il ouvre plusieurs paquets devant nous au contenu éclectique : paires de sangles pour montres connectées, support pour caméra, coussin de thérapie aux graines de lin… Les clients savent qu’ils s’exposent à l’aléatoire. Ce qui compte, c’est « de trouver de nouveaux propriétaires à ces colis perdus. Il n’y a pas de perdant », assure la coresponsable de Cash Colis. Cette ancienne artiste peintre ignore elle aussi le contenu de ces paquets « certifiés NPAI » (« N’habite plus à l’adresse indiquée »), qu’elle vend dans un supermarché à Plaisir (Yvelines), après avoir été à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Un épais brouillard nappe le champ de betteraves. Une ombre plane. « L’avion est tombé là-dedans », assure le président départemental de l’Association des sauveteurs d’aviateurs alliés (ASAA). Sur les dix membres d’équipage de ce bombardier américain, seul ce sergent de 27 ans n’a pu réchapper du crash en 1944 dans un champ de Campremy. Son corps n’a jamais été officiellement retrouvé.

La trajectoire, le choc et la traînée de flammes… L’homme, 64 ans, revoit tout. « L’avion a rebondi par-dessus la route et a fini dans le champ, pulvérisé. » Il s’avance dans les sillons pour inspecter les entrailles. « On trouve encore des morceaux. Ça s’étend sur au moins 200 m2… » Rien ne lui échappe. « Ça, c’est du Plexiglas de l’avion, indique-t-il en se baissant. Sur tous les lieux de crash on trouve ce genre de morceau. »

Le mystère l’occupe depuis de longues années : le sergent reste à ce jour le seul soldat américain de la Seconde Guerre mondiale porté disparu dans l’Oise. Il y a plus d’une dizaine d’années, il s’en est remis à la mémoire d’un ancien du village, qui l’a mené jusqu’à l’emplacement du crash. Ce 11 février 1944 au matin, le Boeing B-17, à bord duquel dix aviateurs ont pris place, décolle d’Angleterre et prend la direction de l’Allemagne, où l’appareil doit cibler des sites industriels. L’octogénaire originaire de Wavignies garde le souvenir du « brouhaha des appareils. Des crashes, il y en a eu beaucoup dans le coin, un autre s’est écrasé dans le champ de mon père, à Thieux. »

La formation d’une dizaine de bombardiers essuie une pluie d’obus. Le B-17 est frappé de plein fouet. Du carburant s’échappe de l’engin. En perte d’altitude et de vitesse, l’avion se retrouve isolé et devient une proie facile pour les chasseurs de la Luftwaffe. Le sergent, au poste de mitrailleur dans la tourelle centrale, est tué. Le reste de l’équipage saute en parachute. Le bombardier s’écrase.

Poignée de restes pesant une livre

« Des restes inconnus provenant du site du crash ont été placés dans une petite boîte et emmenés par les autorités allemandes à Beauvais pour y être enterrées », est-il mentionné dans un rapport du détachement d’enregistrement des tombes des l’armée américaine, datant de 1951. Une directive d’exhumation pour réenterrer le corps dans le cimetière d’Épinal (Vosges), en 1948, mentionne que « toutes les dents et tous les os longs du corps manquent ». Ne subsiste qu’une poignée de restes pesant « une livre », rendant toute identification impossible.

Par deux fois, en 2013 et 2017, une délégation du Missing Personnel Service, organe officiel chargé de retrouver les restes des dizaines de soldats américains portés disparus à travers le monde, s’est rendue sur la zone. « Ils ont arpenté le terrain avec des détecteurs de métaux «, raconte l’Oisien. La délégation tombe sur une douille de parachute lors de la deuxième fouille. Preuve qu’un membre de l’équipage n’avait pas sauté : le sergent. Mais ni os ni plaque d’identification n’ont pu être découverts.

Des analyses ADN ont été effectuées sur la tombe du soldat inconnu à Épinal. Selon l’archéologue américain en charge du dossier, « nous n’avons pas été en mesure de faire correspondre les restes avec le sergent ». D’après lui, les allemands ont pu échanger des restes par mégarde avant l’inhumation. « Il est également possible que nous devions un jour creuser », a-t-il fait savoir à notre homme. Sous la terre, gît peut-être la pièce manquante pouvant résoudre ce puzzle vieux de 80 ans. « Ce serait beau. J’espère que je serai vivant. »

Ils partaient pour faire une bonne action et ramasser des déchets dans la nature, au bord des routes. On était le dimanche 20 mars 2022. Des habitants de l’Oise bénévoles s’étaient inscrits à l’opération du conseil régional Hauts-de-France propres. Ils étaient quatre à ratisser les abords du lieu-dit Le Francport, écart de la commune de Choisy-au-Bac. « On était près du château, se souvient un participant. Un de nous a fait du zèle. Il a vu un papier, ou quelque chose à une vingtaine de mètres dans la forêt. Ce n’était pas très loin de la route. En marchant, il a trouvé un crâne. Il était à l’air libre, pas caché du tout. »

Le groupe appelle la gendarmerie. À côté de ce crâne gisent d’autres ossements, ainsi que des restes de vêtements et un sac. « On n’y a pas touché pour ne pas compromettre les preuves, comme on dit. Ils nous ont demandé si on avait entendu parler de la disparition de personnes dans le coin, on n’a pas pu les aider », déplore le témoin. Cet autre est arrivé peu de temps après la découverte. Il est conseiller municipal de Choisy, la municipalité a recours à ses talents de photographe pour immortaliser les manifestations festives, les cérémonies… Il prenait des clichés de l’opération de nettoyage de la nature. « C’était en début de journée, à quelques mètres du panneau d’entrée de la commune, quand on vient de Rethondes. Je tournais en voiture pour prendre des photos et ramasser les sacs des bénévoles… J’ai vu le crâne, les os… Ils reposaient dans les feuilles. C’était la première fois… À vue d’œil, ça faisait plusieurs saisons qu’ils étaient là car ils étaient propres. Il n’y avait plus rien. Il y avait aussi un sac à main, mais on a vite su qu’il n’y avait aucun papier d’identité dedans. » « Depuis, on n’a plus eu de nouvelles, on ne sait pas ce qu’il s’est passé. »

« Nous étions en présence d’une découverte de cadavre, relate le commandant de la compagnie de gendarmerie de Compiègne. Les ossements ont été envoyés pour étude à l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) à Cergy, dans le Val-d’Oise. Nous avons prélevé son ADN, assure le militaire, mais le matériel génétique n’a pas matché dans notre base de données. » L’ADN a pu être extrait d’un humérus, un os du bras.

Les enquêteurs prennent également contact avec le groupe DiANE, la Division des affaires non élucidées, qui enquête sur les cold cases français. Les spécialistes du groupe DiANE ont comparé toutes les disparitions inquiétantes pouvant correspondre avec les restes humains trouvés au Francport, mais n’ont pas trouvé de concordance. « Les causes de la mort n’ont pas pu être déterminées non plus, assure le commandant. Les ossements ne présentent aucune fracture, aucun coup. » Le légiste a seulement pu établir qu’il s’agissait d’une femme de petite taille. L’enquête est désormais terminée, sauf rebondissements. « J’ai eu un appel de la brigade de recherche le 5 décembre pour restituer le crâne et les os à la commune, explique un policier municipal de Choisy-au-Bac. Ils ont été découverts sur notre commune, c’est donc à la mairie de s’occuper de l’inhumation. »

X

La commune a disposé les ossements dans un reliquaire, un petit cercueil en plastique avec un numéro de référencement. Il a été placé dans l’ossuaire du cimetière. « Je l’ai identifiée comme personne X, conclut le policier municipal. Ça fait mal au cœur, cette femme n’a pas de nom. Cette dame avait bien une famille ? des proches ? une vie ? J’espère qu’on pourra mettre un nom un jour. Qu’elle sera réclamée. »

Sources :
Quel avenir pour les pavillons ? Anne-Laure Abraham, Le Grand Parisien, vendredi 15 novembre 2024
Les constructeurs s’intéressent à votre jardin, Stéphanie Forestier, Le Grand Parisien (Oise), vendredi 13 décembre 2024
Un cocon pour cadres aux portes de Paris, Hervé Sénamaud, Le Parisien, lundi 30 décembre 2024
Privés de potager à cause de la pollution des sols, Julie Ménard, Le Grand Parisien (Oise), vendredi 20 décembre 2024
Affaire de « trafic de déchets », le maire en garde à vue, Hervé Sénamaud, Julie Ménard et Benjamin Derveaux, Le Grand Parisien (Oise), jeudi 5 décembre 2024
« Nous avions prévenu le maire que l’enfouissement était illégal »
, Hervé Sénamaud, Le Grand Parisien (Oise), vendredi 6 décembre 2024
Ici, on ne veut pas devenir une décharge pour méthaniseur, Stéphanie Forestier, Le Grand Parisien (Oise), mercredi 11 décembre 2024
Attaqué pour un nid-de-poule géant, l’État veut marchander, Aurélie Foulon, Le Grand Parisien, mardi 19 novembre 2024
Chez Auchan, la relation client en « live » au drive, Le Parisien Spécial, vendredi 15 novembre 2024
Feu presque vert pour la construction du plus grand data center de France, Mathilde Debarre, Le Grand Parisien, jeudi 14 novembre 2024
Après les entrepôts logistiques, changement de stratégie, Patrick Caffin, Le Grand Parisien (Oise), lundi 18 novembre 2024
Finie la libre installation des dentistes, Véronique Hunsinger, Le Grand Parisien, lundi 16 décembre 2024
En deux ans, la vidéosurveillance a conquis l’Oise rurale, Patrick Caffin, Le Grand Parisien (Oise), samedi 30 novembre 2024
La riposte des villes face aux dépôts sauvages, Patrick Caffin, Le Grand Parisien (Oise), vendredi 8 novembre 2024
Jusqu’à 15 000 € d’amende pour les pollueurs, Sophie Bordier, Le Grand Parisien, vendredi 8 novembre 2024
Ces colis perdus seront des cadeaux mystères à Noël, Fanny Delporte, Le Grand Parisien, samedi 14 décembre 2024
Il faut retrouver le soldat Coleman, Florent Heib, Le Grand Parisien (Oise), lundi 11 novembre 2024
Le mystère de la femme sans nom, Stéphanie forestier, Le Parisien Dimanche (Oise), dimanche 15 décembre 2024

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