#LVME #03 | Cuisines (modèles)

Des minutes passent, quoi d’autre [ ]. Six heures. C’est l’éclairage de la rue et six heures, les volets roulants qui se relèvent. Horloges. Seuls. Simultanément côtés jardin et rue. L’affaire de sept secondes, trous d’abord, traits, puis fentes, le cliquetis plastique. En lignes, rangs successifs, en ordre, l’enroulement. Enfin par en-dessous, en dégradé la vague lumière, remontante. La salle à manger-salon a sa fenêtre sur rue, une porte-fenêtre sur le jardin, et le sens de la longueur. L’éclairage public y infuse, on imagine. On est chez la voisine. Avec les bibelots. Entre le pouf en cuir. La table en marbre. Le serviteur de cheminée, sa fonte, le canapé électrique. Les chaises, droites comme des h. Le chêne massif du meuble de télé, un porte-revue. Entre eux l’air entendu, silence. La fenêtre est orange et l’intérieur aussi, dans les gris. Orange éteint ou pâle et puis cette tiédeur couleur braise, ou chair, refroidit, pâlit encore, la rue s’éteint. C’est le jour, que voilà. Dedans. À la fenêtre les minutes passent, voisins, autos, rien. Le jour. Dans les voilages. Passe et s’étale. Dans le dallage. Progresse. Alexa inflexible, dans la cuisine se tait.

Le piano dans l’entrée. La vue sur la rue. Des troènes. [ ] La porte refermée, d’entrée. Volume d’ombre, longueur, un piano, du couloir. [ ] Sans transition, l’entrée dans le séjour, le coup d’œil. Le séjour d’entrée, un croisement de rues. Espace à vivre. Venez comme vous êtes. [ ] Piano droit dans le couloir. Plancher couleur du piano sombre. L’heure de midi. Approche. Le parquet profond. Deux moutons perdus. [ ] La lumière naturelle. L’espace ouvert en rez-de-chaussée, circulation. Le passage dans la rue, regards conducteurs, les vitres. [ ] Transition minimale, blancs des murs. Fond d’écran, le coin de la rue, un stop, le ciel. Ensemble. D’exposition plein sud. Baies coulissantes, un filet d’air, le son filtré. [ ] Sans voilage, baies sur haie des troènes, en fleurs. [ ] Les placards encastrés en face. Dans le fond de placards, l’alcôve de l’évier. La finition. De l’entrée en scène. [ ] Séjour cuisine tout d’une pièce. D’un coup. Dans son intégralité. [ ] Des portes l’étagement des parements noirs, miroirs. Trace d’un doigt. Glissements d’yeux. [ ] La lumière étale, baigne, l’entrée dans la lumière. [ ] La cuisine accueillante. Vaste comme un seuil. Vitrine d’entrée. Vie intégrée. [ ] Placards intégrés, les poignées inapparentes. Laque noire. Des tiroirs, longueur et profondeur. Piano fermé. De bar les tabourets, transparents. Tout. Autour. [ ] Banque d’accueil. Tout d’un seuil. Les solutions intégrées. Même. Le lave-vaisselle ne se devine pas. Silencieux. [ ] Dans la porte du four le reflet noir à hauteur d’yeux, vue d’ensemble. Réfrigérateur de la hauteur d’un homme dans le coin. La hotte aspirante escamotable dans le plan. [ ] Le silence coulissant. Le plan que le jour inonde. Blanc. [ ] La pièce maîtresse. Le plan de travail au centre. En son milieu, son élément. Come as you are. La cuisine intégrale.

2 commentaires à propos de “#LVME #03 | Cuisines (modèles)”

  1. Bluffée par le premier chapitre, lire un truc observé et vécu, tout y est décrit tellement vrai tellement beau et n’aurais jamais eu même l’idée d’écrire à ce propos, les volets roulants et l’oranger de la rue qui pénètre. Vraiment bravo, le reste est de la même trempe, beaucoup aimé, sens de l’observation et façon hors norme de mettre en scène. Merci, Christophe.

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