- un corps se met debout dans le noir ;
- un corps se dresse ;
- pour un mot ou pour un autre un corps debout dans le noir ;
- un nu descend un escalier ;
- sur un escalier ;
- nu dans un escalier ;
- un corps suspendu dans le silence d’un escalier ;
- un corps suspendu dans la descente d’un escalier ;
- suspendu au silence ;
- un corps descend en silence ;
- un corps en silence ;
- corps attaché au silence ;
- lié à son silence ;
- corps attaché au silence ;
- le silence d’un corps ;
- la nuit d’un corps ;
- je suis définitif : je suis dans le noir ;
- on dort dans le noir autour de moi ; auprès ; on ne m’a conduit nulle part ;
- est définitive une idée noire : on ne m’a conduit nulle part ;
- une idée dans le noir ;
- me tenant en éveil auprès ; en guise de chevet ; ma nuit est une table tour à tour rase ;
- encombrée des reliefs des jours ;
- une phrase frappe dans le noir ;
- une idée nue dans le noir ; incontournable ;
- on se lève dans le noir ; tâtonne ; à travers le volume vers une aération ;
- une bouche ; une gaine ; un conduit ; un courant ;
- ventilation ;
- l’idée prend corps ;
- ventilation ;
- une bouche ; une gaine ; un conduit ; un courant ;
Les mots sont les yeux. Les images qu’ils voient, ce sont les mots qui les envoient : intentionnelles, émissaires. Pour une démonologie. Lutins les uns des autres. Nous sommes des images les uns pour les autres. Nous sommes images les uns des autres. Nous sommes des images comme tout le monde, comme les phrases sont, les mots sont des démons, les mots ne sont pas des anges, qu’est-ce que nous sommes. Nous sommes des intentions.
- une image dit : je descends ; je sors de la douche ;
- arrive au bas de l’escalier en même temps que les phares ;
- que les phares du voisin d’en face pénètrent le séjour ;
- les phares des autos font tourner le séjour ;
- les phares des voisins balaient le séjour ;
- du voisin en particulier : d’en face ;
- les phares blancs de SUV ;
- le feu clignotant de porte basculante de garage ;
- automatique ;
- du voisin en particulier : d’en face ;
- scannent ;
- s’introduisent ; s’attardent dans le séjour ;
- en font le tour ;
- cherchent quoi ;
- en font le tour ;
- l’image dit : les phares glissent sur moi ;
Les mots sont les yeux. Les images qu’ils voient, ce sont les mots qui les envoient : intentionnelles, émissaires. Pour une démonologie. Lutins les uns des autres. Nous sommes des images les uns pour les autres. Nous sommes images les uns des autres. Nous sommes des images comme tout le monde, comme les phrases sont, les mots sont des démons, les mots ne sont pas des anges, qu’est-ce que nous sommes. Nous nous croyons. Nous sommes les mots des autres. Nous sommes des mots pour les autres. Sommes-nous les jouets des autres. Nous sommes des intentions.
- dans le noir il y a un escalier ;
- il descend ;
- dans le noir les mots ;
- les mots doigts ; le mot yeux ; les mots bras ;
- dans le noir pluie d’atomes les mots ;
- le mot qui ;
- instruments flottants dans le noir ; à la dérive ; en dérivation ; accessoires : kit d’accessoires ;
- les doigts ont des yeux dans le noir ; le noir a des tentacules à bouts de bras ; le noir est la maison des bras ; les bras tendus dans le noir ;
- doigts à l’interrupteur : de la VMC ; à la poignée : le mot poignée ; porte ; le mot souffle ; sans rien dire ;
- le mot ouf :
- noir de l’encre :
- sans le dire ;
De la basse définition —
Les mots sont des yeux. Les images qu’yeux voient, ce sont les mots qui les envoient. Les émettent. Images émissaires. Les mots sont des intentions — pour une démonologie. Nous sommes lutins les uns aux autres. On est des images comme tout le monde. La pluie des atomes par dérivation produit les images, par un rien, un supplément. L’image vient en mots. Un kit. La basse définition est une approche en mots. Défaut de résolution, bruit. Rose. Une approximation. Les mots caressent l’image. Des mots caressent une image. Peaufinent : plus la caresse dure, plus la peau s’affine (basse définition). Un son naturel se rapprochant le plus d’un bruit rose est celui d’une chute d’eau.
- la plante épouse l’arrondi du nez ; du pied ; de la marche ;
- le mot pied ;
- se laisse tomber dans le giron de la suivante : l’inférieure ;
- une cage d’escalier plongée dans le noir ; est une ;
- degrés comme d’une température un à un les descendant jusqu’à celle du carrelage ; en bas : au pied ;
- d’un ressenti plus froid ; chute de plusieurs degrés d’un coup ;
- unités de mesure d’un escalier ;
- d’un ressenti plus froid ; chute de plusieurs degrés d’un coup ;
- un escalier de secours ;
- l’emprise d’un escalier ; au sol ;
- la température d’un corps tombant là ;
- tour à tour immeuble ; meuble un escalier : prend corps ;
à suivre
Merci Christophe, j’aime, c’est beau et délicat, oral et dit à haute voix.
en composant ces morceaux je m’en faisais l’idée de dépôts de mots ou de formules de mots — ils résultent de la relecture de proses publiées ici et là sur cette plateforme (dont j’ai fait mon terrier — je squatte ou me terre chez les autres, ou parmi eux) —, d’espèces de codages véhiculant chacun une image, ou de diagrammes… ou de nuages… — sans doute est-ce que ce sont tout simplement des poèmes alors, oraux, oui Clarence, tu as raison, Merci ! Quant à la haute voix, il me semble que c’est celle du silence
C’est magnifique, je n’ai pas de mots!