au tout début dans le temps des années quatre-vingts ils avaient une 404 bronze avec un capot bleu ciel ils la retapaient au besoin sur un des terrains vagues du bas Belleville le grand jeu : récupérer les enjoliveurs de phares régulièrement subtilisés sur d’autres voitures pareil pour les pneus en cas de crevaison il suffisait de trouver deux parpaings sur un quelconque chantier pour, à plusieurs, caler une 404 au coin d’une rue et piquer la roue en la déboulonnant le plus naturellement du monde comme ça ils pouvaient décider de partir à la mer au beau milieu de la nuit si le cœur leur en disait mais la plupart du temps ils se contentaient de dériver à pied de squat en HLM ou alors ils dévalaient le toboggan de la rue Piat qui les faisait comme plonger dans tout Paris il était projectionniste au plus vieux ciné de la ville elle jouait de la musique baroque dans le métro ils faisaient partie d’une bande de camarades pro-situs en train de se prendre le mur de la pacification sociale en pleine gueule ils le savaient trop confusément pour arrêter de vivre vite dans le temps des années quatre-vingts commençant
Promesses trahies du début des années quatre-vingts, « le mur de la pacification sociale… en pleine gueule »! Malheureusement… et on s’étonne? J’aime beaucoup le rythme, la mélodie, la part de rêve, le côté « malgré tout »…
Merci, Françoise ! Je suis content de vous avoir touchée avec un vieux souvenir…
ajoutez moi
Toute une époque… et comme ça parait loin aujourd’hui, il en faut des blancs pour faire remonter tout ça …
Merci pour votre lecture, Catherine ! Il faudrait quelques lignes blanches…
Finalement l’écriture de ces classes sociales, avec la mer, la 404 déglinguée, les jobs d’artistes, serait encore encore à écrire, à actualiser (avec vos mots), pour explorer toujours le fond, la violence sociale et quand même ce qui fait joie de vivre. Vous le saisissez « juste » « exact », c’est très visuel, et on sent la vie pulser. Merci!
Merci beaucoup pour vos mots justes ! L’autonomie pourrait être œuvrière, aujourd’hui.
Déboulonner-reboulonner un monde en vrac. Merci pour ces images. J’ai un faible particulier pour le toboggan.
J’oubliais … vous n’avez pas mis de titre ? C’est volontaire ?
Merci, Déneb, pour votre commentaire. En effet, le titre est passé à la trappe. Je n’y ai pas pensé !
« Vivre vite », peut-être, pour rappeler un super film de Carlos Saura ?
Oui, c’est bien. Ou utiliser ce « A la trappe », justement, pour ces héros qui ne se laissent pas user ?
j’en ai vu des 404 sur parpaings mais jamais m’ont entraînées aussi vite et loin que la vôtre. D’ailleurs ça m’a fait revenir (sais pas pourquoi) un épisode d’auto-stop entre Aix et Lyon où me suis retrouvé dans une (sais plus) avec des farfelus qui balançaient des bouteilles de bière vides et ont fait le plein de nuit gratos dans une station (total ?) nimbée d’orange.. Ça luttait dur contre la pacification sociale !
vient de relire dans mon commentaire « le plein de nuit », c’est involontaire et ça dit encore d’autres choses. Vous avez définitivement le truc pour me faire embrayer !
Merci pour votre lecture enthousiaste !
« le plein de nuit gratos » participait à notre culture du négatif…
jolie mise en page !
Merci, Danièle ! Ça n’a pas été sans mal…
je ne sais plus quel film – c’est dommage – un policier sûrement puisque (il me semble que c’est interprété par Lino Ventura) – avec les travaux de Belleville, il ouvre une porte et arrive dans les ruines dévastées – ça me souvient – ça me rappelle (ou alors un Truffaut peut-être) (mais c’était bien avant années soixante en fin)
J’aimerais vraiment bien voir ce film. Si quelqu’un aune idée…
J’ai adoré le bas Belleville de 1977 à 1984.
Julien d’Albrigeon peut savoir de quoi il s’agit !
Hi !
On y est en bas de chez toi avec ce Vivre Vite, VV, on fonce, les blancs et noirs lui donne un côté coup de poing que le texte veut provoquer (oui ?)
… et ça donne envie d’en faire un autre de cette proposition 5 avec une scène comme suggérée – ce que je n’ai pas fait pour une inconnue raison qui me fait détourner les propositions sans le vouloir vraiment,
Cat S
Suite du projet – (re) lecture à la lumière des sources.
Descente de la rivière sans titre 404.
Je me souvenais très bien de ce texte, vraiment beaucoup aimé, très cinématographique. La lecture des sources a laissée intacte cette impression.
Oui, c’est ce texte qui sera la situation de mes hypothèses.
Déneb, vous êtes précieuse !