Graviers blancs des allées dans le jardin d’une pension de famille, tomettes hexagones et rouges dont ma grand-mère italienne repeignait régulièrement de blanc les contours, déchirures coupantes du vieux lino morcelé de la cuisine et des WC dans la maison de campagne en été, moquette marron du studio à l’université où pour ne pas nous embrasser nous parlâmes toute une nuit, elle de Carmen, moi d’Hipparchia la cynique, lattes de bois avec des rêves de Caillebotte, la nuit, sur le parquet d’un vieil appartement dominant la ville et la vue sur les lumières de l’aéroport au loin, la Terre-mère battue mais aimée, compactée parce qu’habitée, sans cesse foulée, dans une case à Lifou, dans un carbet aux abords de la Mana, dans le bidonville de Cayenne, dans un abri de pierres sèches en Sardaigne ou en Corse, la Terre-mer enfin, dans un cap entre deux eaux, tellement humide au matin, tellement sèche dans les après-midi, de nouveau apaisée les soirées; attendre là que les acanthes projettent leurs graines, que les merles nourrissent leurs petits, que les gobes-mouches reviennent et d’années en années tenter d’entendre pousser les herbes, écouter la Terre,agissant autant que l’on peut pour empêcher que nous l’éventrions encore.
très beau, et parfait fonctionnement ‘le gravier sous les pas de Swann au début de la Recherche), pourrait êtrez plus long, donc, pas hésiter !
oui, saveurs et touchers… aurais aimé je crois y rester un peu davantage
bidonville de Cayenne, pouvoir des mots qui font rêver, les acanthes et les merles aussi, moins d’expérience des gobes-mouches…
Sous les sols, la terre, c’est vrai…