Terre battue, les barriques, remplir la bouteille, l’envie irrépressible d’uriner en regardant le vin couler dans le goulot, elle fredonne sur le sol irlandais un oranger, se dépêcher il va bientôt arriver, ils attendent le vin, il faut le mettre sur la table, ils vont encore une fois lui demander de chanter pour lui faire plaisir, il n’est pas là souvent, son sol d’ici il l’a quitté et elle va lui chanter sur le sol Irlandais un oranger, son sol à elle celui où elle se tient accroupie, elle ne le chante pas, il y a des jours où s’y glissent les serpents de ses peurs d’enfant, est-ce qu’il y a des serpents dans la mer, elle n’a que six ans, le sol de la récréation c’est ce qu’elle préfère pour le ciel de la marelle où elle saute pour s’envoler, elle veut être chanteuse, danseuse, coiffeuse, elle veut un métier en euse, mais pas voleuse elle a entendu son père – le sol il faut l’acheter ou en hériter, la mer c’est gratuit – est-ce qu’il y a des serpents dans la mer, est-ce qu’elle pourrait être navigueuse, la rivière de l’urine coule vers l’océan, le sol tremble sous ses pieds en fissures craquelées.
Un bel univers, complexe, sensible. On se raconte toute une histoire.
Merci Jean-Yves pour votre regard sur mon texte.