dans la minute qui suit la 28eme minute 11 secondes | dans du noir et blanc très contrastés | avec une musique d’orgue envoutante en continu | la caméra se promène en panoramique sur le parc d’un château bavarois | jardin à la française lignes droites et symétriques cônes de buis bien alignés statues lointaines | la caméra décrit puis souligne certains éléments en un travelling tournoyant | se déplace de gauche à droite et se concentre sur un couple de pierre de style statuaire grecque de face au premier plan| voix off d’un homme (X) au léger accent italien évoquant une discussion d’un temps passé entre lui et une femme (A) sur l’identité des deux personnages de pierre | la femme (A) s’étant mise selon lui à leur donner des noms | plan américain puis travelling vertical sur le dos des statues puis plan moyen sur chacune | regard au loin vers la droite | l’homme (X) évoque toujours en voix off leur propre identification à ce couple de statues | reflets, ombres, présence du soleil qui éclaire la demi-face de chacun | la caméra s’est rapprochée, gros plan sur les profils de pierre tournés vers la droite | homme situé à l’avant la femme pose son bras droit et sa main sur l’épaule gauche de l’homme, regard vers l’avant | feuillages derrière | gros plan des profils de pierre tournés maintenant vers la gauche | multiplicité des angles de vue | tourbillon | plan de détail | trois doigts de la main droite de la femme de pierre posés sur l’épaule de l’homme | une trace noire au-dessous de l’oreille et qui atteint le cou de chacun comme une trace de sang noir | plan moyen sur le couple de statues | le bras droit de la femme est posé sur l’épaule gauche de l’homme | reflets de lumière | statues de plus en plus vivantes | la musique d’orgue s’interrompt au moment même où éclate le rire moqueur d’une femme invisible au même moment où surgit un plan d’ensemble | image d’un équilibre parfait | cadrage de la statue, le tronc d’un arbre à droite assez frêle avec son feuillage léger et à gauche le feuillage généreux d’une autre espèce | le couple de pierre donne une image pleine de certitude quant à son existence sa légitimité | aux côtés des deux personnages de pierre on note la présence d’un lévrier qui regarde dans la direction opposée | sorte de contre champ | apparition de l’homme (X) qui parlait en voix off et qui rit aussi et de la femme (A) dont on vient d’entendre le rire, une balustrade de pierre surplombe le jardin tel un belvédère, le parc à l’arrière, six statues petites à cause de la profondeur de champ et la statue sur la gauche | X et A constituent le couple vivant au milieu de cet ensemble de pierres | plan large | lui est assis de profil sur la balustrade de pierre | il porte un costume gris clair élégant une chemise blanche une cravate | elle, de blanc vêtue robe au haut vaporeux et bas légèrement plissé dos tourné à la caméra face au canal à la cascade dont on perçoit le bruit | les deux mains appuyées sur la balustrade légèrement corps tourné de profil, tête relevée, souriante, regardant l’homme | Ils se parlent directement | A sourit toujours avec distance et ironie | ils se livrent à une interprétation de la présence du chien sur le socle | discussion légère, ton badin, joyeux, séducteur | c’est le temps présent | elle se retourne les bras un peu en arrière en appui sur la balustrade | X est légèrement penché vers elle | ils se regardent | elle se rapproche de la statue, la tête un peu relevée | lui se tourne dans la même direction | elle pose la main sur le chien tout en se retournant vers l’homme | elle s’appuie de tout son corps avec grâce sur le socle de la statue | lui demeure assis sur la balustrade, la regarde en gardant les mains agrippées sur le rebord de la pierre | puis il descend d’une façon rapide | tend l’index de sa main droite vers la caméra pour montrer une autre statue | elle regarde aussi | le dialogue se poursuit | il l’invite à l’accompagner dans la direction de ce qu’ils regardent, une autre statue, qui serait presque la même mais sans la présence du chien | et avec un geste de la main de la femme de pierre vers les lèvres de l’homme | la femme (A) refuse de suivre X | lui se retourne vers elle, la regarde fixement | il lui tend la main droite, penche un peu la tête | leurs regards se croisent | elle se trouve à sa gauche | elle a toujours sa main et son bras appuyés contre le chien et le socle | il l’invite à nouveau à le suivre, le ton est ferme, à la violence cachée peut-être | rupture brusque d’image, de décor | on se retrouve dans l’hôtel | plan de demi-ensemble et plongée | A est appuyée contre une balustrade de marbre noir veiné derrière de grandes colonnes de marbre aussi, une petite lampe est allumée, l’ensemble est sombre, mais présence de nombreux reflets sur les colonnes, les marches du grand escalier | elle est habillée comme dans la scène du parc, lui par contre porte un smoking noir, une chemise blanche un nœud papillon | il lui tend la main gauche | la prie de le suivre | elle tient un livre dans sa main gauche, le bras droit est étendu appuyé sur la balustrade, elle remue la tête de droite à gauche pour signifier un non à son invitation, pressante, ferme et ouvre les yeux, large sourire charmeur | lumière sur le haut de la chemise blanche de X et sur le haut du corps de A et sur son front | montage parallèle qui permet d’alterner deux scènes qui ont des liens étroits mais qui ne se déroulent pas au même moment | mise en abime | on ne sait plus vraiment si la scène se déroule dans un présent ou dans une sorte de rêve éveillé | vertige, on perd pied et temporalité.
j’ai vraiment retrouvé le sentiment du film…
et tout cela dans une seule minute, c’est vraiment impressionnant
eh oui, vraiment l’impression d’un rêve éveillé
j’ai souvent été submergée par cette riche minute et dans la difficulté d’en extraire les éléments
merci Françoise de ton écho
(ça se passait l’année dernière hein) (:°)) j’ai l’impression, la même qu’en le voyant, que quelque chose du temps s’est arrêté -après tout le reste est magique – merci d’y faire penser et d’y revenir, et encore…
c’est bien lui ce film inoubliable revu après tant d’années, se pencher sur une minute et en mesurer toute la richesse
une approche subtile du passé du présent et des constructions mentales
merci Piero de tes mots