Fuir, c’est tenir tête au père – Ne pas lui obéir, viens ici tout de suite, reviens ici nom de Dieu – Se cacher pour lui échapper, aller là où il n’a pas de prise, c’est lui tenir tête – Franchir la rivière, c’est tenir tête – Marcher dans la nuit froide avec des vêtements trempés, trembler, avoir peur et avancer malgré la peur, c’est lui tenir tête – le laisser seul avec son angoisse, sa colère, sa propre peur, sa culpabilité que la mère entretient, c’est à cause de toi s’il est parti, tu ne supportes rien, t’es vraiment un pauvre type, c’est lui tenir tête – Tenir tête au père, c’est supporter les taloches, ne pas baisser les yeux – Regarde-moi quand je te parle, une beigne – Baisse les yeux, une beigne – Dans tous les cas, une beigne – alors ne pas baisser les yeux – tenir le regard, ça le rend fou – Tenir tête au père, c’est tenir tête aux profs – Élève insolent, ne supporte pas les remarques – Ne supporte pas l’injustice, défend ses camarades, résiste à la connerie – ne se soumet pas, aucune taloche ne sera aussi forte que celles du père – n’a peur de rien, n’a plus peur de rien, a peur mais ne le montre pas – Tient tête à l’autorité, ne répond pas au policier, garde le silence, n’en pense pas moins – Dit merde au chef, aux cons qui ne disent rien au chef ni à personne, qui se plaignent pourtant – Tient tête aux mecs qui se prennent pour des mecs – Tient le regard, longtemps – Tenir tête sur la distance tout en tenant à sa vie, à celle des autres que l’on défend – Tiens tête mon garçon, tiens tête.
7 commentaires à propos de “#boost #04 | tenir tête au père”
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
Merci d’ouvrir. Fort.
Je ne sais pas si c’est fort mais ça s’installe
Beau, un texte qui tient. qu’on lit sans baisser les yeux. Merci..
Si c’est l’impression qui en reste, ne pas baisser les yeux, ça me va
oui d’abord ça, le père, tenir tête au père
je le ressens aussi
« tiens le regard longtemps »
(merci Philippe)
C’est le point de départ à bien d’autres résistances en effet
Superbe texte, merci Philippe!