#boost #04 | la tête à tenir tête à rien du tout 

Tenir tête à — absolument pas — tenir tête à rien — Je n’ai la tête à tenir tête à rien du tout  —  Tenir tête à — absolument pas — l’angoisse — Ce serait — la laisser complètement faire — ce serait  —
agir sans avoir prêté l’oreille à la claque de silence qu’elle a flanqué de sa paume entière  à la terre  entière — Entrer dans la lenteur
Ce serait — assourdir sa façon d’assourdir — ce serait — pénétrer son corps d’obscurité —— glisser son noir dans ses yeux le couler dans sa bouche et ses dents ce serait couler son noir son sang noir dans ses oreilles et dans son sang dans sa moelle — Ce serait — prendre corps de sa possession de corps — enfiler son corps de possession de chair d’os de boyaux  —— son corps d’entrechocs de pleins et de pleins de pleins et de vides — ce corps de faibles remous d’infra-tourbillons d’effervescences minuscules sans nulle rime nulle raison — son corps de poids mort — de bulles — Tenir tête à — Ce serait la laisser — faire son corps de  prise à la gorge de main froide sur le cou de prise de grand front — faire son corps de prise de crâne de méninges et de cuisses — son corps de talons comme des pierres fendillées de fesses de frottements — Tenir tête — Ce serait camper dans son aveuglement  — opposer surdité à surdité — prendre possession d’elle — — n’opposer qu’indifférence parfaite
— se glisser dans  l’indifférence —  rentrer subrepticement dans l’ignorance — et laisser l’angoisse prendre possession de la terre entière  — perdurer — traverser muette et sourde à son
phénoménal et cruel rien à sa force obscure
avancer dans la fermeture  — ne s’arrêter à aucun sentiment — aucun affect —  attendre —  suspendre — accepter les états étranges — faire les gestes même qui ont présidé à sa venue  —  ceux qu’elle redoutait ceux qu’elle repoussait — faire ce qui fait peur — rentrer dans le rien qu’elle voit — faire ce qui fait peur — le rien qu’elle sent — se mouvoir dans son grand brouillard —  totalement renoncer à le percer — souffler sur le moindre sursaut de pensée qu’elle risquerait — Tenir tête à l’angoisse
— ce serait prendre le pas du rien qu’elle assène massivement à tout — le rien qu’elle incarne grossièrement— l’endosser le lui renvoyer — en toute lenteur retour à l’envoyeur  — prendre le pas de son ultime présence de son ultime absence
attendre jusqu’à ce que ça
passe

A propos de véronique müller

même si je perds le fil, je m'en sors plutôt bien mal. https://www.disparates.org/iota/

6 commentaires à propos de “#boost #04 | la tête à tenir tête à rien du tout ”

  1. Cécile, Clarence, Carole, merci à vous, à vos lectures, à vos paroles.

    je veux depuis longtemps vous renvoyer un petit signe en retour, mais je n’en trouvais pas le temps ou alors j’écrivais trop… ou encore mon commentaire se perdait !

    extrait :
    le rythme. oui, Carole, merci.
    c’est peut-être dû au fait que depuis le début de cet atelier, je travaille les textes en les mettant en couleurs. des lignes, des mots, des groupes de mots. à cause de l’absence de ponctuation et des blocs. pour essayer de percevoir la structure du texte (privé de l’appui des virgules ou de retour paragraphe), lui donner des allures de partition. y repérer une cartographie peut-être. une mise à plat. je l’ai fait pour moi-même. c’est que je n’ai jamais été très « bloc ». au moins sur internet où il m’a toujours semblé qu’il fallait accrocher l’œil. avec ce sentiment que sur les écrans, on aurait toujours affaire d’abord à des images. mais peut-être était-ce moi qui avait envie de ça, tirer le texte vers l’image, l’espace. « forcer le bloc », c’est peut être alors forcer le texte, le forcer à ne pas passer à l’image, forcer une lecture accrochée au fil du texte, au fil d’une voix, au fil de phrases qui courent de gauche à droite, de ligne en ligne sans en sauter une, s’accrochant au fil du récit de l’auteur, de son raisonnement. une lecture linéaire, concentrée. une lecture qui tiendrait tête à l’éparpillement, à la diffraction propre à internet.

    à bientôt,

    véronique

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