monter des marches, beaucoup de marches, monter jusqu’en haut d’un clocher gothique à Vienne ou d’un dôme cuivré à Berlin ou d’une tour à peine finie de la Sagrada Familia pour déguster la vue, éblouie par le monde d’en bas mini-autos, mini-personnes, fourmis dans les ruelles et l’horizon à portée de main
monter sur une montagne, sur la cime, fatiguée essoufflée heureuse contempler l’espace à perte de vue plein les yeux et le cœur,
coup de cœur de paysages de mots qui résonnent Salagou Mourèze Provence Toscane Sicile vignobles oliviers cyprès Méditerranée
la mer qui danse qui va qui vient bleue verte grise indigo turquoise qu’importe, la mer mère renaissance réjouissance la mer bienfaisante désirée lointaine, mer sublimée par la pensée le rêve, pas d’angoisse pas de noyade juste le rêve et les sensations
la dune qui appelle, la dune qui chante pleine de soleil trop de soleil de chaleur de bonheur, la marche sur les sables colorés, une fin de terre
des pas alignés sur les chemins prairies forêts vignobles cailloux loin du monde
des promenades dans les rues de la ville qui s’offre liens de sang liens d’amour sans cesse renouvelés
des heures passées dans des livres dans une bibliothèque dans des archives des livres à traîner partout dans le sac le cartable des livres à lire dans un parc sur une plage sous un arbre
Pourquoi toutes ces images lumineuses pleines d’espace de promesses de liberté, où sont donc les chagrins les contrariétés les malheurs vécus ressentis accusés, enfouis refoulés isolés combattus par un vaccin du bonheur recherche d’harmonie de sérénité socle solide pour continuer à vivre, ce n’est pas commode pour écrire des romans, ils disent qu’il faut des cris et des larmes du sexe et du sang du bruit et de la fureur, mais pour écrire sa vie ça peut servir, éclairer trier alléger, puis s’accrocher accepter se contenter tenir debout espérance confiance
couleurs coup de cœur qui emballent qui emportent, rouge mauve un peu de bleu du ciel embrasé du soir, un champ de lavande, une rose fière, un coquelicot tremblant dans la brise de midi,
peintures dorées de Klimt ou soleil orange de Turner, taches fauves Emil Nolde ou Nicolas de Staël et puis découvrir par hasard Anselm Kieffer, ses œuvres géantes grises noires qui pourtant m’émeuvent
la sonate au clair de lune de Beethoven et la note bleue de Chopin et la découverte de la musique aérienne de Satie dans son musée poire jaune et piano blanc d’un ailleurs irréel
les valses de Strauss qui emportent les danseurs s’envolant sur le parquet ciré dans les palais de Vienne remplis de lumières
senteurs émois des moissons des vendanges des marchés aux épices aux herbes, basilic curcuma romarin sauge paprika cumin thym coriandre des noms des couleurs des parfums
moi et moi et moi mais aussi les rencontres les échanges les découvertes je veux bien partager…
la première menthe à l’eau vert transparent dans un bar de Paris au mois d’août
la douzaine d’escargots aux Halles d’autrefois
les parties de flippers chez l’Italien au bord de la Seine
les chansons qui restent après l’amour, Piaf… mon Dieu…je ne regrette rien, Aznavour…l’amour c’est comme un jour, Escudero…pour une amourette, Bécaud…et maintenant…des larmes, de l’espoir…pour une vie entière
la langue étrangère devenant familière, les mots à lire à dire à tricoter à deviner à écrire
une cuisine une gastronomie à apprendre à comprendre trop de plats trop de fromages pas assez de crème Chantilly
la langue la cuisine la famille les amis la vie qui passe
Les petits fabriquant un gâteau de fête, léchant la pâte la crème la chantilly les cuillères et les fouets, les yeux brillent, les langues se délient, puis les fous rires
Les grands autour de la table de cuisine, ballet de bras et de mains, je coupe les oignons et je pleure, tu épluches les patates et les fais rissoler, il prépare la salade, l’assaisonne, la fatigue, nous surveillons les braises sous la côte de bœuf en servant les olives de Lucques, vous démoulez le pâté fait maison, ciselez le jambon cru du pays, ils ont porté le dessert, les bouteilles de vin, tous attendent sous l’arbre, autour de la table mise, table d’été, table de fête accordéon harmonica toute une vie qui passe
Et après l’été l’automne les feuilles resplendissent puis tombent tapis colorés qui se meurt petit à petit l’hiver arrive froid blanc stérile la vie passe
Même longueur d’ondes… Merci !
« Pourquoi toutes ces images lumineuses pleines d’espace de promesses de liberté, où sont donc les chagrins les contrariétés les malheurs vécus ressentis accusés, enfouis refoulés isolés combattus par un vaccin du bonheur recherche d’harmonie de sérénité socle solide pour continuer à vivre, ce n’est pas commode pour écrire des romans, ils disent qu’il faut des cris et des larmes du sexe et du sang du bruit et de la fureur, mais pour écrire sa vie ça peut servir, éclairer trier alléger, puis s’accrocher accepter se contenter tenir debout espérance confiance »[…]
Oh merci, je viens de poser mon commentaire, mon mot d’excuse pour avoir écrit à côté de la proposition, ravie de notre rencontre!
Pas pu faire mieux pour répondre à la proposition, les détails dans un tiroirs, les mauvais moments enfouis dans les profondeurs…