La voiture comme une idée de salon, des groupes de fauteuils côte à côte et deux semblants de canapés face aux fenêtres. Voiture presque vide. Deux fenêtres en face, un passager dont on ne voit que les cheveux frisés et l’amorce d’un visage entre tempes rasées dépassant d’un fauteuil face à la porte. Un poteau glisse, le quai se rompt, le garde corps du pont portant les rails au dessus d’une avenue., le soleil de face qui fait le ciel pale, bouffé de lumière. En tournant tête vers la fenêtre à côté de moi, au dessus du sac, les remparts tournent, s’éloignent, une campagne pelée de terrain à l’avenir incertain. Livre pour ne pas penser au mélange de crainte et plaisir des retrouvailles. La vague sensation de la vitesse, la glisse heurtée sur la vieille ligne. Une voix qui chante l’ail lance une annonce. Le quai de Tarascon longé lentement, arrêt bref, un voyageur pour la voiture voisine et la mosaïque de gris presque blancs et de roses plus ou moins expirants des toits de la ville sous la gare, deux clochers et la masse du château qui annonce le fleuve. Deux jeunes traversent la voiture, le premier jette des mots incompréhensibles ou sans intérêt vers le suivant. Lire. Une pointe de vitesse ou une idée de. Des cultures séparées par des rangées de cyprès perpendiculaires au train et au vent. S’ouvrent comme les lattes d’un éventail avant d’être remplacées. La tête au sommet bouclé se hisse, suivi d’un grand corps en négligé dandy, des lunettes pliées se rangent dans la poche poitrine. Arles porté par la voix. Me pencher vers sac, me redresser, attendre que l’homme ouvre porte, descendre avec prudence. Passer sous voies, déboucher sous les arcs qui surmontent les portes comme de gros sourcils. Attendre la voiture en retard.
« Me pencher vers sac ». Voyager léger est à mon avis toujours primordial. Merci Brigitte
merci Ugo (surtout quand on part pour deux nuits, sourire)
Comme une idée de salon, c’est le compartiment qui me faisait cet effet jadis. Très jolis roses expirants des toits.
(du coup la voiture en retard est autre ter ou vraie voiture ?)
une vraie voiture parce que pour aller en Lozère en train c’st quasi impossible et que ce trajet, qui est réel, me rend tributaire des automobiles amies