Sentiment de vide, ce vide flottant en toi, flottant en toi dans l’intérieur de toi, dans ton corps, ton corps troué du dedans par ton vide, ce trou vivant de ton vide, creusant, forant, perforant ton dedans, ce trou de vide et toi à vivre depuis si longtemps sans t’apercevoir de ce creusement, vague présence d’un sentiment de rien et puis soudain, sentiment d’un poids, d’une masse de vide à peser en toi, réaliser cette béance lourde plombant ton dedans et maintenant, t’imaginer planer, survoler, t’imaginer voir ton vide en forme de cratère, ce cratère de ton vide dans toi avec, sans doute, tout au fond, plein de noir, un noir profond, très sombre, grouillant du remugle de tes cauchemars et comprendre la force d’attraction de ce vide, ce vide de noir en toi très attirant, comprendre qu’il ne faut surtout pas risquer d’aller y voir sinon toi, à devoir lutter, lutter pour ne pas sombrer dans ce noir vibrant, vrillant, se creusant, pour mieux t’avaler, vortex aspirant, s’enfonçant, se renforçant, trop difficile de lui résister, t’épuiser et le voir devenir maelstrom ce vide, un maelstrom de vide dedans toi, ne plus pouvoir ni te retenir, ni te raccrocher au milieu des turbulences, voir le noir escalader en tourbillon les parois muqueuses vers toi et, à mesure de sa progression ouragan, te laisser envahir par un sentiment d’à-quoi-bon alors, pour ne pas glisser, décider de rester loin du bord et l’accepter ce vide, le sentir affleurer à la lisière du dedans de toi, le laisser demeurer en son état flottant, son état flottant de sentiment et espérer ne pas le voir déborder balayant le sentiment et ne laissant qu’un vide sombre à la place de toi.
beckettien, vertigineux et bellement maîtrisé sentiment de se tenir, retenir au bord du nœud, du précipice de soi
un sentiment du vide qui ne mène pas à l’imbécilité (parle d’après tentative mienne) g^race à la fermeté de son expression
Touchée par ce sentiment de vide.
très fort et si juste ce sentiment du vide, sa lourdeur, l’angoisse de ce trou noir menaçant de tout aspirer (et très beau texte)
Merci pour vos passages ici et pour vos mots si précieux !