Le sentiment du là, pas ailleurs, de la présence, de l’ancrage, du sol, d’une consistance, d’une chose qui existe, qu’on comprend, qu’on voit, qu’on peut entendre, qu’on peut toucher, le sentiment du palpable, du pas absent, du pas après l’autre, de ce qui donne le sentiment de l’existence, d’être là, pas ailleurs, pas n’importe où, et que ça existe aussi pour les autres, pour ceux qui seraient là, pas ailleurs et qui seraient amenés à se dire que là il y a quelque chose, c’est à dire qu’il n’y a pas rien, quelque chose qu’on peut toucher, qu’on peut écouter et qu’on peut faire exister, même ce qu’on croit être là si on le voit vraiment, être maître là, maître d’une forme de quelque chose qui prend forme et ne disparaît pas et que les autres mêmes appellent, nomment pour dire que c’est là, que c’est présent que c’est maintenant, parce que là et maintenant vont ensemble dans la reconnaissance de l’existant, du vivant, de ce qui vit là, de ce qui vient et qu’on ne sait pas nommer d’abord, on veut le saisir, lui donner forme et consistance, un instant on pense que c’est là, on donne le signal, on sonne le la jusqu’à ce qu’on comprenne que ce qui se tenait là et qui tient à si peu de chose, à une chose aussi fragile qu’un là, toujours déjà là, ou jamais encore là – est-ce qu’on sait ? – cela qu’on pense saisir et avant même que celui ou celle qui prétend l’avoir enregistré constate que non, non loin de là, mais loin assez, loin d’un possible là, tout espoir du là est encore irrévocable.