Comme la pelleteuse à l’arrêt devant le tas de caillou, de briques, de gravats, comme des voix derrière la fenêtre et ces portes qui claquent en-dessous, comme la mélancolie banale du vendredi soir quand c’est seul, comme le vert du vent dans les branches de l’arbre, comme vivace sous la cervelle une mélodie légère et terrible, comme le temps lentement qui continue le travail de trouer la vie, comme ce refus du frère au bas des escaliers, comme des livres d’histoire refermés sur des tragédies à réciter, comme l’eau, la rouille, la brouette, comme ces lettres naissantes sur la page et ce désespoir quand ça s’arrête, comme la maison pleine de rires qui ne sont qu’échos d’enfance, comme la gomme sale de n’être jamais utilisée, comme la robe verte, le collier, la distance infranchissable, comme une pile de bouquins qui attendent des mains, comme un début de roman où l’on hésite à assassiner celui qui dort, comme la pluie.
Très beau. J’aime les phrases courtes, qui laissent tout un monde en suspens, nul besoin d’en rajouter, tout est dans ce qui les entoure et dans ce qui n’est pas dit. Je ne sais pas pourquoi, cela me fait penser à une collection de miniatures, j’aime assez ces drôles de petits mondes, plein, rassurants dans leur totalité, et pourtant inachevés.