voiture immobile paysage immobile pensées immobiles le temps est immobile à l’arrêt du premier feu rouge | le présent se confond avec l’activité confondante de banalité d’un samedi matin dans le quartier | images connues usées par le quotidien du trajet de l’école du centre-ville de la piscine de la maison du grand-père | récitation urbaine avant les routes inconnues | puis le temps s’accélère et disparaît dans les paysages qui défilent à différentes vitesses | puis le fossé ondule sur le bord de la route comme un long ruban sans fin | arbre rocher arbre muuuuuuuur poteau arbre arbre poubelle | les gouttes de pluie derrière la vitre s’étirent à l’horizontale s’envolent puis disparaissent | au loin la grande maison surplombant la route tourne sur lui-même dans son écrin de grands arbres puis disparaissent | des petites maisons toutes identiques se poursuivent une file indienne vers l’arrière puis disparaissent | des fils électriques dans le ciel dansent en traçant des vagues douces puis disparaissent | l’enfant trace avec le doigts le trajet des fils sur la vitre puis disparaissent | un train immobile longe la route et roule à la même vitesse que la voiture | d’autres fils dansent une autre danse | tunnel noooooooiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr jour | le skaï de la banquette colle à l’arrière des cuisses l’enfant s’allonge | le ciel immobile zébré par des traversées de fils | un oiseau immobile tout en haut du ciel comme un trou d’épingle | l’enfant ferme les yeux et s’endort
Photo de Fahad Bin Kamal Anik sur Unsplash
un texte juste (me dit l’enfant)