Le train file droit et la terre est ronde,
Au commencement le tunnel, pour en voir le bout être dans le sens de la marche
Le son du roulement entraîne les battements de mon cœur
Violence au sortir du sous-terrain comme jaillir d’un utérus, lumière féroce
On s’extirpe on y est aspiré
Nuit et brouillard, nous dépassons les trains fantômes aux âmes hurlantes
Être en sens inverse et regarder le passé qui vient d’être présent
Passée présent futur, ça se mélange
Ne pas arriver à suivre pour arriver quelque part
Gare de triage, ne pas se tromper d’enfilade
Paysages de passage qu’on ne retient jamais
Fils électriques saucissonnant les flancs de coteaux,
Poudre de soleil sur la forêt
Le train glisse sur le lac des signes
Turbulences au croisement de la ligne à contresens
Attention aux carambolages, il suffit de peu
Les barrières ne sont plus gardées
Un sifflement aigu déjà lointain, attention aux cow-boys
Pylônes électriques chats, hiboux, grues métalliques
Vaches noires que je préfère et des blanches aussi
Les rails vont-ils dans le sens du train ?
Des vignes brodées au point de tige sortent instantanément de terre
La pluie frappe mon visage de l’autre côté de la vitre
Je n’arrive pas à lire à contrecourant
Me suis-je trompée de destinée ?
« La pluie frappe mon visage de l’autre côté de la vitre » j’adore. Gare de triage, paysages de passage… Le sens de la marche, voir le bout du tunnel… Merci, Raymonde, pour ce train comme pris ensemble. Te lire et voyager de concert. Bel exemple de ce que produit cet atelier 7 à donner des regrets de ne pas l’avoir tenté.