Le jour pousse d’un cran la nuit. Ce jour imperceptiblement plus long. C’est en janvier. Oeil. Ouie. Jour. Un 20 janvier. Et pourquoi pas le 20 ? Je vois le jour plus long : je le sens. Je le sens ou je le vois. Je peux l’entendre. Le jour. Quelque chose dans la lumière a recommencé. Le jour pousse d’un cran l’obscurité. Recommencé le jour. Un changement infime. Rien. À peine plus long. Un soupçon. Un rien dans la lumière. Le jour luit et déjà il s’allonge mais à peine. Un jour. Imperceptiblement plus long. Une nuance. Un ton. Un soupçon. Rien : assez pour être une lame au cœur. Comme perce la neige. Une fleur dure au cœur. Un petit cran. Un soupçon. Et mettre à nu le nu. Un mois déjà. Lenz marche dans la colline. Il rêve. Un mois qu’un roi a mordu la lune en fièvre et l’or de sa couronne crisse. C’est le jour il pousse d’un cran la nuit ; C’est le jour il montre la terre à cru. Elle se terre. La terre à nu. Chaque 20 janvier elle voyait l’abime à ses pieds dans le jour qui rallonge; dans la lumière avant les fleurs : l’abime. Elle voyait sa peur. Mais la neige. Si la pluie. Elle se terrait pour attendre la nuit. Dans le jour rallongé imperceptiblement elle voyait sa peur à cru. Le jour pousse d’un cran la nuit. Une sensation. D’un cran. Imperceptiblement. Qui oppresse. Sa solitude et cette douleur invisible ce cri en dedans. Cette douleur avec le jour. Une douleur pour une broutille de jour en plus? Mais regarde! Comme un basculement en dedans pour un rien de jour en plus. Un soupçon. Mais regarde il revient! Rien. Comme couper en cinq le pois de la princesse. Un petit pois de lumière en plus fait au cœur une douleur. Je ne veux pas. J’ai vingt ans. Cette douleur imperceptiblement avec le jour. Sur le mur il allonge sa lumière comme une ombre inversée. Je le vois. Dans le bruit de la rue je l’entends. Ouïr. Voir. Cette lumière renée. Ce jour s’allonge d’un petit cran plus long. imperceptiblement. Et je me terre. Un soupçon de jour en plus pousse la nuit. Quelques minutes à peine. Il s’étire. C’est en dessous de la peau cette impression de jour qui se glisse et montre en dedans l’abime. Et montre en dehors la peau. Longtemps j’ai souffert du jour. De ce jour qui revenait dans l’hiver. De cette lumière qui s’allonge. Je voulais m’enfermer et attendre la nuit. Le jour poussait d’un cran la nuit. J’ai froid . Froid de l’hiver. Mais le jour. J’ai froid de la lumière renée. Regarde! Les jours rallongent. Dans deux mois exactement ce sera le printemps. Regarde et réjouis toi la lumière repousse un peu la nuit. Toi tu te terres et tu attends.
« C’est en dessous de la peau cette impression de jour qui se glisse et montre en dedans l’abime. Et montre en dehors la peau. »
C’est beau votre soupçon. Merci Nathalie Holt.
Merci Ugo.
Ce texte qui de cran en cran avance cherchant ce qu’il va dire, c’est beau
Merci Christophe.
C’est beau cette litanie, le jour pousse d’un cran et c’est bien visuel, on voit, cran après cran, le jour prendre sa place.
En attendant le printemps, ce qui se terre mérite de se serrer…
merci Perle!
Ce rythme par saccades m’a emporté. On est dans les vagues de sens, sensations. Temps qui butte. Merci Nathalie.