La mort s’était insinuée au cœur du printemps. Comme si mourir au printemps, c’était annuler le printemps, mais ce n’est pas tout à fait cela : le printemps se fiche de la mort. Quelques jours plus tard, on a vu. Les feuilles, le vert, la terre un peu moins froide. Mais la mort était là, implacable, malgré le printemps, et la révolte : il devrait être interdit de mourir au printemps (quand on aime le lilas, chantait Brel ; quand on aime, on ne devrait pas mourir au printemps), mais peut-être est-il mieux — il faut essayer, pour voir — de renverser le tout. Le printemps s’était insinué au cœur de la mort. Quelques jours ont passé. On n’avait pas vu que c’était le printemps. Comme si — voilà peut-être ce qu’il faudrait écrire — sa mort avait donné naissance au printemps. Ce corps enterré, ce bourgeonnement, un être de moins qui ne pouvait être compensé que par l’éclatement de mille vies. Pas d’insinuation, un don, ça lui aurait plu : sa mort avait donné vie au printemps.
Très sensible à ce beau texte, à ses renversements. Merci !