Derrière les silences, se murer dans le silence, progressivement construire un mur entre cœur et voix, barrière pour émotions trop vives, lentement s’habituer au mur entre pensées et paroles, s’installer là, se réfugier dans les silences, apprendre à contenir et ne plus savoir dire, retenir tout derrière le mur, un petit filet de silence qui devient bouillonnement, ruisseau que vient nourrir chaque pensée conservée dedans, colères rentrées qui s’ajoutent, flot qui grossit devient fleuve et se cogne au mur, torrent empêché, se fracasse contre le mur, éclaboussures de silences et retour à la source pour ruminements sans fin, ressassements en boucle. Derrière les silences une parole sort de la bouche, une parole qui ne dit rien, une parole trompeuse, des mots mensonges, ruses pour garder le silence, lâcheté ou impuissance, derrière les silences les paroles pour cacher les blessures, les enfouir derrière le mur. Derrière les silences le corps s’écrie, le corps s’écrit, derrière les silences le corps dit ses maux, le corps est malade, le corps se tord, se ronge, se fracture, se recroqueville, le corps a faim, jamais rassasié le corps enfle pour remplir le vide des silences, le corps crie. Derrière les silences, chercher les mots pour fissurer le mur, lézarder le mur, les mots comme des gouttes qui sourdent des failles pour guérir le corps, panser. Derrière les silence accueillir, écouter l’extérieur, entendre l’autre parole, le silence de l’autre, derrière les silences laisser la place, permettre le temps de la respiration, accepter le vide, se réjouir des silences. Derrière les silences, parler un langage intérieur, un dialogue avec soi dans le calme du silence intérieur, méditations apaisantes, derrière les silences un espace pour penser.