Dans la complicité du sauvage. Le pressentiment des creux, dérobés au regard, emplis de mains tendues, de ces mains couvertes de plaies, réclamant une attention, espérant de l’aide ou simplement une parole. Mais non, point d’âme vivante sur ces crêtes balayées par le vent, et point de ressentiment de manque pourtant, juste la lumière et l’espace ouvert jusqu’à l’infini et peut-être même encore plus loin. De ce paysage entaillé dans la mémoire, comme un galet tiède, abandonné par la vague sur le sable, il subsiste toujours les pierres, ces gros blocs de granite où écorcher ses mains, recouverts de ce lichen où accrocher ses songes, une lande de bruyère traversée de lézards ou de fourmis, quelques brins d’herbe rase et sèche, toute la mélancolie d’une terre dont on ne peut s’extraire ou se défaire. Prendre air dans ce fragment de soi, prendre corps dans cet éclair, alors qu’une alouette grisolle tant et plus surplombant ce sommet. Garder le souvenir de la halte à l’abri de pierres entassées, amoncelées pour lutter contre le vent et le froid, le regard portant loin tout autour et en dedans, avec ce sentiment de sérénité alors se diffusant dans le corps. Au retour, la carcasse d’un mouton égorgé pourrissant au bas d’un talus.
bravo la cascade de fin avec ce coup de zoom…