Rameaux nus luisant dans l’eau. Miroitements du ciel entre les troncs. Paille de roseaux brisés hérissant la berge. De légers plumeaux courbés, se courbant encore. Une rambarde métallique fichée dans les pierres du rebord. Le corps se penche au-dessus de l’eau. Longue monotonie des reflets. Le canal s’étirant jusqu’au fin fond du regard. Chien noir sur le chemin de halage. Flairant les hautes herbes d’un côté, de l’autre. Une maison d’écluse aux volets bleus. Semblant inhabitée. Pourtant l’éclat d’une ampoule électrique filtrant dans l’interstice d’un volet. L’action de longer l’eau, longtemps. Fatiguant sa rêverie. Une passerelle d’acier résonnant sous les pieds. En face, la perspective de l’étroit chemin bordant l’autre rive du canal. Débris de feuilles sèches parmi les herbes. Un cri. Au travers des branchages emmêlés, les arches de pierre du pont-canal enjambant la Vingeanne. Un poteau électrique d’un autre temps, vieux bois et isolateurs de verre. Un autre cri, aigre. Lignes parallèles striant le ciel. Roseraie inattendue dorant l’hiver. Soudain un héron énorme, figeant la vue. Ébrouement d’ailes. Il se déplie et s’envole au ras de l’eau.
Merci Muriel, un art du concret dans ces bribes captées au vol.
Merci Nolwenn pour la lecture et pour l’écho.
Très beau texte sensible et sensuel, j’aime l’idée de fatiguer la rêverie.
Merci beaucoup Perle.